Ingrid Betancourt, cinq ans déjà

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Administrator User , modifié à
Les proches d'Ingrid Betancourt ont appelé vendredi à une pression internationale accrue pour obtenir la libération de la Franco-Colombienne, détenue depuis cinq ans par la guérilla colombienne. Le comité de soutien, qui a soumis un Manifeste aux candidats à l'élection présidentielle, a organisé des actions tout au long de la semaine en France. En Colombie, le président Uribe annonce son intention d'établir un contact direct avec les FARC.

Aucune nouvelle. Ingrid Betancourt, détenue par la guérilla marxiste des FARC depuis le 23 février 2002, n'a pu donner aucune nouvelle depuis une vidéo diffusée par ses geôliers en août 2003. Vendredi matin, ses deux enfants et son ex-mari, au cours d'une conférence de presse, ont dénoncé l'attitude de la Colombie et de la France dans ce dossier, à l'occasion du 5e anniversaire de l'enlèvement. "Il n' y a pas assez de volonté politique en France. Ce n'est plus supportable. Cela fait un quinquennat que maman a été enlevée. Elle ne tiendra pas un autre quinquennat" a d'abord déclaré Lorenzo, fils d'Ingrid Betancourt rempli d'émotion. La fille de l'otage de la franco-colombienne, Mélanie, a ensuite reproché aux autorités françaises de ne pas réagir alors que, selon elle, le président colombien Alvaro Uribe "marche sur les pieds du gouvernement français". "Le gouvernement français doit prendre ses responsabilités. Cinq ans qu'elle est là-bas, et les négociations avec les FARC n'ont toujours pas commencé ", a ajouté Mélanie Bétancourt. Très remontée contre les autorités françaises qui, selon elle, "ont abandonné Ingrid", elle a ensuite appelé le prochain président de la République à s'engager fermement pour la libération de sa mère et de sa directrice de campagne. Hier soir, le président de la République, alors à Berlin, a souhaité répondre aux critiques de la famille d'Ingrid Bétancourt. Si leur amertume est compréhensible, la critique est selon lui injuste.Fabrice Delloye, ex-mari d'Ingrid Betancourt, a lui aussi pris la parole pour rappeler que "tous les candidats à la présidentielle ont été sollicités". "Ils ont tous compris que la voix de la France ne pouvait plus être une voix atone" a précisé M. Delloye. "François Bayrou, Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal, les trois principaux candidats, ont clairement apporté leur soutien à notre Manifeste pour la libération d'Ingrid Betancourt " a-t-il ajouté. "Nous avons reçu une lettre de soutien de messieurs Bayrou et Sarkozy, et Ségolène Royal a signé hier notre manifeste", a-t-il déclaré. Le président colombien Alvaro Uribe, lui, qui envisage d'employer à nouveau la force contre les FARC, en a pris pour son grade. "C'est un fasciste rigide, incapable de comprendre que son pays est en guerre. Je rappelle que les FARC, qui sont sur 60 fronts avec 17.000 hommes, ne plieront pas. Seul un dialogue avec un échange humanitaire sont le préalable à la libération des otages, qui sont 3.000 en Colombie", a affirmé Fabrice Delloye. S'en prenant aussi aux Forces armées révolutionnaires de Colombie, il a ajouté : "Nous sommes entre deux monstruosités". "Nous ne savons pas où Ingrid se trouve. Tout est possible", a-t-il estimé, expliquant que les FARC avaient des bases dans différentes régions de Colombie, notamment aux frontières avec l'Equateur, le Pérou et le Brésil. "Est-elle vivante? Nous ne savons pas", a également dit M. Delloye. Dans la nuit de vendredi, le président Uribe a pourtant fait un pas en annonçant qu'il était prêt à établir un contact direct avec les FARC. "Ma mère est extrêmement courageuse. Je pense que la Colombie a besoin d'elle", a conclu Mélanie Betancourt. La jeune femme et son frère Lorenzo ont appelé à un rassemblement de soutien vendredi sur la Place de la Fontaine Saint-Michel à Paris.