Hollande, la tortue devenue lièvre

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Plana Radenovic , modifié à
Parti tôt et de très loin, ce sera lui le candidat socialiste pour 2012.

Il y pensait en se rasant le matin depuis 2009. Deux ans plus tard et dix kilos en moins, François Hollande a triomphé dimanche soir, intronisé candidat à la présidentielle à l’issue de la primaire socialiste. Une issue qui était loin d’aller de soi pour le président du conseil général de Corrèze, longtemps moqué à propos de sa supposée mollesse. Retour sur le parcours d’un "Flanby" tellement "culbuto" qu’il s’en est redressé et aspire à incarner "le rêve français".

En 2006, François Hollande, qui est alors au poste de Premier secrétaire du PS depuis près de 10 ans, commence sa longue marche vers la candidature suprême par une frustration. Il met alors ses ambitions présidentielles de côté pour soutenir sa campagne Ségolène Royal, qui virevolte en tête des sondages.

"Le seul défaut de Royal, son compagnon"

François Hollande, qui n’a jamais été ministre, traîne alors l’image d’un homme d’appareil mou, et peu charismatique, sauf quand il s’agit de faire des blagues. "Le seul défaut de Ségolène Royal, c’est son compagnon", s’était même permis de lancer Arnaud Montebourg, sur le plateau du Grand Journal. Dans les Guignols de l’info, il est d’ailleurs caricaturé à grands coups de rire niais et de double-menton.

Mais c’est sans compter la capacité de rebondir de François Hollande, qui se montre sous un jour déjà plus "présidentiel" aux Universités d’été du PS en 2010. Là il ne fait plus mystère de son ambition et distille petit à petit son message, en particulier sur les jeunes.

Le "président normal"

Il se décide enfin à faire son "coming-out" présidentiel le 31 mars 2011 depuis son fief de Tulle, et parle déjà de "rêve français". Mais il est encore un petit candidat à côté de Dominique Strauss-Kahn, en tête de tous les sondages, alors attendu comme le sauveur de la gauche.

Celui qui ambitionne d’être un "président normal" ne se décourage pas : il laboure les fédérations, travaillant à se forger une image de présidentiable crédible. Le 14 mai 2011, éclate l’affaire DSK, broyant d’un seul coup toutes les chances de l’ex-patron du FMI à la primaire. Petit à petit, François Hollande se fait une place de choix, celle de leader, dans les enquêtes d’opinion.

La tactique de cet homme d’appareil, expert en "combinazione" politique, le rassemblement. Pendant toute la campagne de la primaire socialiste, il s’est posé en rassembleur "des socialistes, de la gauche et des Français", et s’est projeté dans l’après-mai 2012, concentrant ses attaques sur Nicolas Sarkozy. Entre les deux tours, il a reçu le soutien des quatre candidats non-qualifiés, contre Martine Aubry. Pour rassembler derrière son nom plus de 56% des voix dimanche, une large majorité.