Fin de la visite de Ségolène Royal en Chine

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Administrator User , modifié à
Après deux journées de tourisme riches en images et en proverbes, Ségolène Royal a réalisé lundi le marathon diplomatique de sa visite en Chine. La candidate socialiste à la présidentielle a rencontré le numéro deux du régime, Zeng Qinghong, à défaut d'une entrevue avec le président Hu Jintao. Avant de quitter la Chine, Ségolène Royal a dénoncé la "posture bien franco-française" consistant à reporter l'échec de négociations commerciales "sur les autres" sans chercher ses propres responsabilités.

Ségolène Royal a achevé cette nuit sa visite de quatre jours en Chine. Lors d'une conférence de presse avant de quitter le pays, la candidate socialiste a estimé qu'il fallait désormais "mettre en place des politiques industrielles offensives". "La France n'a pas la posture et la place qu'elle doit avoir en Chine", a-t-elle constaté. "Le rôle des pouvoirs publics et des ambassades n'est pas bien en phase avec ce que les entreprises attendent." Evoquant la perte de deux marchés importants cet automne en Chine au profit des Américains (Westinghouse a été préféré à Areva dans le domaine nucléaire et Citigroup a finalement acquis la Banque de développement de Canton, convoitée par la Société générale), Ségolène Royal a réclamé un "audit" pour "étudier pourquoi ces marchés n'ont pas été retenus". "L'évaluation doit être faite non pas de façon rapide, ni schématique", a-t-elle souligné. "C'est trop facile quand la France perd un marché d'aller trouver des justifications qui ne relèvent pas de la performance ou de la compétence des entreprises elles-mêmes", a insisté Ségolène Royal. "C'est une posture bien franco-française que de penser que c'est toujours la faute des autres", a-t-elle estimé. Afin de progresser en Chine, la candidate socialiste à la présidentielle a prôné un meilleur "état d'esprit" européen, notamment dans le domaine aéronautique. Lundi, Ségolène Royal a réalisé un véritable marathon diplomatique. Elle a été reçue par le numéro deux du régime chinois, Zeng Qinghong, au Grand palais du peuple, le siège de l'Assemblée nationale qui s'ouvre sur la place Tienanmen. L'entretien a duré un peu plus d'une heure, le temps d'évoquer notamment la relance de la construction européenne après les "non" français et néerlandais à la Constitution. La candidate socialiste a aussi rencontré le conseiller diplomatique du président Hu Jintao et le ministre du Commerce extérieur. Selon ses conseillers, la candidate socialiste a abordé toutes les questions avec ses interlocuteurs, y compris le Tibet, Taiwan, l'embargo européen sur les ventes d'armes ou les "droits humains".Avec le ministre du Commerce extérieur, Bao Xilai, Ségolène Royal a eu des "échanges nourris" notamment sur les délocalisations "qui détruisent des emplois en France", l'un des fils rouges de sa visite de quatre jours. Sa rencontre avec le conseiller diplomatique de Hu Jintao, Dai Bingguo, a donné lieu à un échange "coloré". Le gendre du premier ambassadeur de Chine en France l'a complimentée sur son goût pour le rouge, la couleur du drapeau chinois, également utilisée par le Parti socialiste français. Fin diplomate, il a admis que le blanc, couleur du deuil en Asie, était "aussi une belle couleur" face à une Ségolène Royal de blanc vêtue. A quatre mois du premier tour, la candidate a promis à Dai Bingguo de "penser" au rouge pour sa "prochaine visite". Avant ces entretiens officiels, deux membres de la délégation de Ségolène Royal ont rencontré les associations professionnelles d'avocats et de journalistes afin d'évoquer le sort de cinq de leurs confrères emprisonnés. Cette "méthode nouvelle" revendiquée par la candidate consiste à mettre la Chine au pied du mur juridiquement plutôt que de déposer des listes de noms de dissidents dont on réclame des nouvelles. Concrètement, deux lettres signées Ségolène Royal ont été rédigées, demandant des éléments d'informations sur ces cinq prisonniers et rappelant à Pékin point par point les éléments des conventions internationales mis à mal par ces arrestations. La dirigeante socialiste a également envoyé une lettre aux autorités chinoises pour les informer de sa démarche et demander des "éléments d'information", a précisé Bruno Le Roux, secrétaire national du PS.