Eva Joly prône la révolution verte

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Morgane Paulissen , modifié à
La candidate EELV affiche de grandes ambitions sur l'emploi grâce à de gros investissements dans l’économie verte et une fiscalité bouleversée.

EDUCATION : DES EMBAUCHES ET DES REFORMES

Eva Joly propose l’embauche de 20.000 personnes et une révision des méthodes pédagogiques

Lutter contre l’apartheid scolaire. Eva Joly propose d’organiser des états généraux de l’égalité dans l’éducation, qui déboucheront sur la mise en place d’une nouvelle carte scolaire.

Plan d’urgence pour le handicap. Une des grandes priorités sera le droit à l’éducation et à la formation professionnelle pour toutes et tous.

Stopper la dégradation du service public de l’éducation. Pour améliorer les conditions de travail des enseignants et des personnels encadrants, 20.000 personnes seront embauchées.

Revoir les méthodes pédagogiques. Lancer une grande consultation de la communauté éducative portant aussi sur les méthodes pédagogiques, l’autonomie des établissements, le rôle des parents d’élèves avant de prendre d’autres décisions budgétaires pour les années suivantes.

EMPLOI : OBJECTIF UN MILLION EN 2020

Les ambitions d’Eva Joly en matière d’emploi sont grandes. Elle mise pour cela sur des investissements colossaux dans l’économie verte.

Développer l’économie verte. Eva Joly juge que 491.000 emplois peuvent être issus de l’économie verte. Parmi les secteurs créateurs d’emplois : les énergies renouvelables, le réhabilitation énergétique, les transports collectifs, la conversion à l’agriculture bio. Mais dans son projet, la candidate admet que des emplois seront détruits dans l’automobile, le nucléaire, les énergies fossiles.

Investir dans la qualité de vie. La candidate d’Europe Ecologie - Les Verts estime pouvoir créer 490.000 autres emplois par la construction de nouveaux logements, la création de places en crèches et la prise en charge solidaire de la dépendance.

Produire local. Construire une économie de proximité avec un « plan de développement pour les entreprises locales ».  L’idée étant de réserver des aides publiques aux petites entreprises et de rendre progressif l’impôt sur les sociétés.

Créer des emplois durables. Arrêter de financer les emplois précaires. Les exonérations de charge sur les bas salaires seraient réservées aux CDI et aux contrats d’au moins 120 heures par mois, pour un gain de 4,5 milliards d’euros.

Un droit de préemption. Protéger les salariés et les entreprises de la logique financière avec la possibilité pour les salariés de reprendre l’entreprise. La moitié des postes dans les conseils d’administration ou les conseils de surveillance seront réservés aux salariés pour rénover le dialogue social.

ENERGIE : L’ADIEU A L'ATOME 

La sortie du nucléaire est sans doute la mesure la plus notable du programme d’Eva Joly. Mais elle est accompagnée d’économies d’énergie et d’investissements.

Sortir du nucléaire dans 20 ans. Investir dans l’efficacité énergétique et dans les énergies renouvelables.  

Limiter le réchauffement climatique à 2°C. La France doit réduire ses émissions de gaz à effet de serre d’au moins 30% d’ici 2020.

Diminuer la précarité énergétique. Investir dans la solidarité en luttant contre la précarité énergétique et en divisant les charges par deux. Une tarification progressive de l’électricité et du gaz permettra de garantir à tous un accès aux services énergétiques et de décourager les gaspillages.

Privilégier les dépenses vertes. Mise en place d’un prix progressif sur l’eau et sur l’énergie autofinancé par l’augmentation des prix sur les fortes consommations.

 

EUROPE : PROTEGER LE VIEUX CONTINENT

Dans le projet d’Eva Joly, l’Europe sert de paravent social et écologique contre la mondialisation.

Un protectionnisme européen. Instaurer la préférence sociale et environnementale ainsi que mettre en place une taxe carbone. Aux frontières de l’Europe. C’est une manière de protéger les droits des travailleurs.

Un super ministre des Affaires européennes. Eva Joly propose la création d’un poste de « vice-Premier ministre » chargé des questions européennes en souhaitant que ces dernières sortent du « domaine réservé du Président de la République ».

Créer les eurobonds. La candidate veut que la Banque centrale européenne puisse émettre des eurobonds, des obligations communes à la zone euro, qui ont pour but d’atténuer la spéculation sur les dettes souveraines.

Une politique d’investissement. Pour Eva Joly, la transition écologique doit être accompagnée par des investissements au niveau européen.

IMPOTS : UNE VRAIE REVOLUTION FISCALE

Le programme fiscal d’Eva Joly est très lourd et audacieux : il faut beaucoup d’argent pour financer la révolution verte.

Taxer les énergies non renouvelables. Eva Joly entend taxer lourdement les énergies fossiles et le nucléaire, ce qui doit rapporter 12 milliards d’euros. Elle compte aussi harmoniser à la hausse les niveaux des différentes taxes énergétiques (2,5 milliards) et supprimer les niches fiscales sur le diesel et sur les pesticides (1,65 milliards).

Attaquer les paradis fiscaux. Adopter en France l’équivalent de la nouvelle loi américaine contre le secret bancaire. Réformer le système de prix de transfert permettant aux multinationales d’échapper à l’impôt et renforcer les contrôles par l’embauche ou la conversion de 2.000 agents. Au total, cela devrait rapporter 8 milliards d’euros.

Des revenus plus taxés. Eva Joly entend taxer le capital comme le travail, réduire les niches fiscales sur l’impôt sur le revenu, multiplier par cinq la taxe sur les logements vacants et créer deux nouvelles tranches d’impôts sur le revenu. Gain total : 8,1 milliards d’euros.

Le patrimoine dans le viseur. L’exonération de l’impôt sur la fortune sera limitée et le taux de taxation sur les successions sera ramené à celui qui était en vigueur en 2000, pour rendre l’imposition plus progressive qu’aujourd’hui. Gain total : 7,7 milliards d’euros.

Les entreprises contribuent. Le crédit impôt recherche sera réformé pour moins profiter aux grandes entreprises et assorti de conditionnalités écologiques. Un impôt plancher à 17% sur les bénéfices des sociétés sera créé, ainsi qu’une taxe sur la rente pétrolière et gazière. Au total, le gain estimé est de 8 milliards d’euros.

Abattre certains symboles du quinquennat. Les exonérations sur les heures supplémentaires seraient supprimées, ainsi que le taux réduit de TVA dans la restauration.

INSTITUTIONS : CHANGER LES ELUS DE LA REPUBLIQUE

 Dans le cadre d’une VIe République, Eva Joly veut une pratique des institutions plus égalitaire.

La proportionnelle à tous les scrutins. Dans le projet d’EELV, la généralisation de la proportionnelle est la première mesure institutionnelle. Pour les élections locales, l’élection sera à deux tours avec une prime majoritaire de 25 % pour la liste arrivée en tête au second tour.

Un Sénat élu au suffrage universel direct. En supprimant le système actuel de « grands électeurs », EELV veut faire élire les sénateurs sur une liste régionale complémentaire lors des élections régionales. Il deviendrait une "chambre des régions". L’échelon du département serait supprimé.

Une République parlementaire. Le Parlement aura plus de pouvoirs, tandis que le Président sera dans un rôle d’arbitre et de garant du bien commun, avec des pouvoirs moindres.

Créer un ministère de l’Egalité. Avec un secrétariat d’Etat à l’égalité territoriale, chargé d’assurer l’égal accès aux services publics de l’éducation, de la santé et ou encore de l’emploi.

Instaurer le droit de vote des étrangers. Les étrangers présents depuis 5 ans sur le territoire doivent pouvoir voter à toutes les élections locales et nationales, plaide Eva Joly.

Renforcer la diversité chez les élus. Eva Joly entend promouvoir des élus à l’image de la France : la parité homme-femme sera instaurée dans toutes les instances. Le cumul des mandats, y compris dans le temps, sera banni.

LOGEMENT : INSPIRATION ALLEMANDE

Comme François Hollande, François Bayrou et Jean-Luc Mélenchon, Eva Joly est signataire du Contrat social de la Fondation Abbé Pierre.

Faire face à l’urgence. Eva Joly propose d’interdire les expulsions locatives sans relogement des ménages qui ne peuvent plus payer leur loyer. Elle veut également mettre un terme, comme en Allemagne, à la pratique des congés pour vente, qui autorisent les bailleurs à expulser leur locataire simplement pour vendre un logement vide.

Construire plus. Signataire du Contrat social de la Fondation Abbé Pierre, Eva Joly reprend l’objectif de construire 500.000 logements par an. Parmi ceux-là, 160.000 logements vraiment sociaux. Cette impulsion sera notamment donnée par le renforcement de l’objectif de logements sociaux de la loi SRU et des sanctions pour les maires qui ne l’appliquent. 25% sur l’ensemble du territoire, 30% en Île-de-France où les inégalités sont les plus marquées.

Encadrer les loyers. Eva Joly estime que la puissance publique a vocation à intervenir pour réguler le marché. Cela impliquera un encadrement des loyers comme ce qui se pratique en Allemagne. Les loyers des premières locations et des relocations seront alignés sur ceux du voisinage. Pour y parvenir, la candidate propose un moratoire de trois ans sur les loyers.

L’habitat participatif. Eva Joly soutient le vote d’une loi autorisant et favorisant les coopératives d’habitants, qui existent en Norvège, ainsi que tous les projets qui dessinent un logement non spéculatif, une réappropriation de la ville par les habitants, une mise en commun d’espaces comme une laverie, une chambre d’amis, un jardin partagé.

SECURITE : ANCRER LA POLICE DANS LES TERRITOIRES

Plutôt discrète sur ces questions, Eva Joly propose notamment de mieux adapter les services de police aux besoins locaux.

Éradiquer le contrôle au faciès. Pour mettre fin à la pratique des contrôle au faciès, Eva Joly veut doter les policiers de coupons de contrôle d’identité.

Déconcentrer l’action des services. Eva Joly estime qu’il faut procéder à la déconcentration de l’action des services et adapter les priorités en fonction des territoires.

Médiation et prévention. Police et gendarmerie doivent retrouver leur place sur le terrain et tisser des liens avec la population, juge Eva Joly. Elle prône aussi une politique cohérente et ambitieuse de médiation et de prévention.