Euthanasie : Hollande entrouvre la porte

Hollande fait "un pas supplémentaire en direction" de l’euthanasie
Hollande fait "un pas supplémentaire en direction" de l’euthanasie © MAXPPP
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Hélène Favier , modifié à
Dans son programme, le candidat PS "va effectivement dans ce sens", confirme son équipe.

Le projet Hollande pour 2012 se prononce-t-il en faveur d’une loi sur l’euthanasie ? Son programme, présenté jeudi, laisse en tous cas planer le doute. Dans ses "60 engagements pour la France", François Hollande assure que s’il est élu en mai prochain, il proposera que "toute personne majeure en phase avancée ou terminale d’une maladie incurable (…) puisse bénéficier d’une assistance médicalisée pour terminer sa vie dans la dignité".

Le mot "euthanasie" n'est pas utilisé, mais...

Le "mot euthanasie n’est pas utilisé", fait remarquer, interrogée par Europe1.fr, Marisol Touraine chargée des questions sociales dans l'équipe du candidat socialiste. "Personnellement, je ne l’aime pas".  Mais, "on va effectivement dans ce sens", confirme-t-elle.

"Nous voulons, en fait, définir un cadre qui réponde - au-delà de ce que la loi permet aujourd’hui - aux volontés de ceux qui souffrent", sans toutefois "autoriser le suicide assisté"

Selon elle, François Hollande fait donc "effectivement un pas supplémentaire en direction" de l’euthanasie.

"C’est une question de mot. Car qu’est-ce qu’il y a au-delà des lois Leonetti, relative aux droits des malades en fin de vie, si ce n’est l’Euthanasie ?", estime, pour sa part, Jean-Luc Romero, le président de l'Association pour le droit de mourir dans la dignité, ADMD et conseiller régional PS, également joint par Europe1.fr.

Un pas de plus vers l'euthanasie

Les lois Leonetti de 2002 et 2005 favorisent les soins palliatifs (par exemple, l’usage de morphine) et encadrent l'euthanasie dite "passive" qui empêche le médecin de recourir à l’acharnement thérapeutique.

Avec ces lois, l’étape d’après, c’est l’euthanasie, juge donc Jean-Luc Romero, qui reconnaît que les politiques "ont toujours eu peur de ce mot". "En 2009, par exemple, lors des propositions de lois Valls visant à légaliser l'euthanasie sous certaines conditions, le mot n’était pas non plus utilisé", note le président de l’ADMD, qui se dit "très satisfait" par les propositions de Hollande.

"Nous sommes "très" satisfaits, car la situation actuelle est "très" hypocrite : aujourd’hui, ce sont les médecins qui choisissent la fin de vie", renchérit Philippe Lohéac, délégué général de l’ADMD.

"Nous souhaitons que ce soit l’inverse, qui ce soit le patient en fin de vie qui soit à l’initiative et qu’il puisse vivre ce moment, au grand jour, avec sa famille", ajoute-t-il précisant que dans ce cas là, une dose létale pourrait lui être injectée, par exemple. Les "pays du Benelux ont adopté ce type de mesure et il n’y a pas eu de débordement", insiste-t-il encore.