Entre Mélenchon et le PS, ça se crispe

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Fabienne Cosnay , modifié à
Les socialistes répondent désormais du tac au tac à Mélenchon. Et menacent les communistes.

Ce qui a mis le feu aux poudres. Après le doux qualificatif de "capitaine pédalo" attribué à François Hollande pendant la campagne présidentielle, Jean-Luc Mélenchon n'a pas hésité à récidiver la semaine dernière, s'attirant les foudres du PS. Dans une interview à Metro, mardi, le coprésident du Parti de gauche déclarait : "Merkel tient le guidon" et "Hollande pédale".

La riposte, puissance 3. La réponse ne s'est pas fait attendre. Plutôt que d'ignorer les propos de Jean-Luc Mélenchon, le PS a décidé de riposter. "A l'intérieur du Front de gauche, je ne sais pas qui tient le guidon et qui pédale, entre M. Laurent et M. Mélenchon", a ironisé le ministre des Relations avec le Parlement Alain Vidalies. La deuxième riposte est venue du sénateur socialiste Luc Carvounas, chargé au sein du PS des relations extérieures avec les autres partis. "A force de vouloir mettre le feu à la plaine, Mélenchon est le pyromane de la gauche", a fustigé l'élu dans un communiqué, demandant au Parti communiste de se "désolidariser" des propos du coprésident du Parti de gauche. Dans une lettre ouverte adressée à son ancien camarade Mélenchon, vendredi, Jean-Christophe Cambadélis pointe, lui, l'isolement de l'ex candidat à la présidentielle : "Tu te plains, après des charges répétées, d'être maltraité par les socialistes", lui écrit le député de Paris "mais tu dédaignes toutes les mains tendues. Jusqu'à lancer une campagne contre l'austérité, qui désigne de fait le PS comme responsable".

Mélenchon persiste et signe. "Qu'est-ce que vous voulez que ça me fasse que ça les (les socialistes) agace. C'est la démocratie, chacun développe son point de vue", a rétorqué le tribun Mélenchon, interrogé sur BFMTV la semaine dernière. Invité d'Europe 1 lundi matin, le coprésident du Parti de gauche l'a encore affirmé : "Chaque fois qu'il y aura une mesure qui va dans le sens de la gauche, nous la soutiendrons. Mais chaque fois qu'on fera le contraire, c'est-à-dire des mesures néolibérales, nous serons contre", a-t-il martelé. "Maintenant, si vous voulez savoir ce que fera le Parti communiste, demandez-le lui", a moqué le coprésident du Parti de gauche, faisant référence aux propos de Luc Carvounas.

Ce qui se joue derrière les petites phrases. Jusqu'ici, les socialistes préféraient ignorer les critiques de Jean-Luc Mélenchon. Alors, pourquoi ce brusque changement de ton ? Le PS entend mettre la pression sur les communistes, à 15 jours de leur Congrès. Selon le JDD, la direction du Parti socialiste doit envoyer une circulaire à ses cadres locaux avec ce mot d'ordre : "pas d'accords en vue des municipales avec les partenaires de gauche tant qu'ils n'ont pas clarifié leur ligne". En clair, s'ils espèrent une alliance en vue des municipales de 2014, les élus PC devront peut être prendre leurs distances avec leurs camarades du Parti de gauche, avec qui ils forment aujourd'hui le Front de gauche. Vous avez dit : diviser pour mieux régner ?