ENQUETE - Les ministères à la diète

Les ministères doivent envoyer mercredi à François Baroin et Valérie Pécresse leurs propositions pour réaliser des économies. En cas de désaccord, le ministère de l'Economie et du Budget imposera ses solutions.
Les ministères doivent envoyer mercredi à François Baroin et Valérie Pécresse leurs propositions pour réaliser des économies. En cas de désaccord, le ministère de l'Economie et du Budget imposera ses solutions. © REUTERS
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avec Walid Berrissoul , modifié à
Ils précisent mercredi comment ils espèrent réduire leur train de vie. Verdict : à chacun sa méthode.

Dans le cadre de son nouveau plan de rigueur, François Fillon a annoncé lundi le gel des salaires du président de la République et du gouvernement. Mais la réduction des finances publiques passe aussi par la réduction du train de vie des ministères. "Une pédagogie de l'exemple", selon les mots du président UMP de l'Assemblée nationale Bernard Accoyer, à laquelle doivent s'astreindre les ministères.

Ces derniers doivent rendre mercredi leurs propositions pour réaliser des économies, avant concertation avec le ministère du Budget, qui doit publier lundi un amendement à la loi de finance. En cas de désaccord, des mesures d’économies seront tout simplement imposées.

Multiplier les petites économies

Pour réaliser des économies tout en s’adaptant aux spécificités de chacun, c’est aux ministères de proposer où ils souhaitent tailler dans leurs dépenses. Du côté de l’Education nationale, c’est l’aide aux associations qui a été revue à la baisse : les subventions versées aux fédérations de parents d’élèves ont été réduites de 37%, voire même de 50% pour les syndicats lycéens.

Au ministère de la Santé, la mesure est plus symbolique puisque les conseillers pourraient renoncer à leurs primes annuelles. Autre exemple, les chauffeurs des ministères prennent des cours de conduite économe pour que les voitures consomment moins et durent plus longtemps.

Des réceptions moins nombreuses, plus sobres

Mais il y a un poste de dépense dans lequel tous les ministères vont tailler : les frais de représentation, et notamment de réception. "Les budgets ne sont plus les mêmes, il y a une baisse de 20 à 30%", témoigne Laurent Picard, traiteur qui travaille pour plusieurs ministères.

"Typiquement, on nous demandait des cocktails dînatoires à l’heure du dîner avec des choses très complètes, art de la table, personnel de service", détaille ce traiteur, avant de poursuivre : "aujourd’hui, on a plutôt tendance a faire les opérations à 16h ou 18 heures, on réduit ainsi la quantité de nourriture et on utilise, par exemple, du matériel jetable sans personnel de service".

Le ministère de la Défense a, lui, opté pour une solution radicale : il a divisé par dix certaines dépenses en supprimant tout simplement la cérémonie des vœux. Une réception qui coutait 80.000 euros et qui n’est plus qu’une vidéo diffusée sur Youtube dont le coût de tournage se limite à 8.000 euros.

Difficile de réduire les budgets, "à moins de ne plus travailler"

Cette réduction des frais n’est pas une première et plusieurs ministères disposent même de conseillers spécialisés. Mais certains se demandent s’il sera possible de réaliser de nouvelles économies, à l’image de Nadine Morano, qui évoque "des délégations restreintes quand vous vous déplacez, les véhicules en moins dans les cabinets".

"Je vais très rarement dans des restaurants pour des diners officiels, je privilégie toujours des repas de travail au sein de mon cabinet", assure la ministre de l'Apprentissage, qui envisage difficilement de nouvelles réductions budgétaires, "à moins de ne plus travailler et d’attendre que cela se passe, ne plus se déplacer du tout".

Coûteuse communication

Les marges de manœuvres existent pourtant et notamment du côté des dépenses en communication, un pôle de dépenses que la Cour des comptes a jugé excessive dans un rapport publié le mois dernier. Il faut dire que l’Elysée et le gouvernement y ont consacré environ 600 millions d’euros au cours des cinq dernières années, passant des contrats dans des conditions pas toujours claires.

Plutôt que de réduire son budget, le ministère des Affaires étrangères a trouvé encore mieux : faire rentrer de l’argent. Le quai d’Orsay loue régulièrement ses salons à des entreprises du CAC 40, qui y organisent des soirées. Coût de la location : 50.000 euros la soirée.