Du "ni-ni" au front républicain, concours de nuances à l'UMP

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Louis Hausalter , modifié à
SÉMANTIQUE - Après l'élimination de l'UMP de l'élection partielle du Doubs, tous les ténors du parti ne parlent pas d'une seule voix. Loin de là.

Entre le Parti socialiste et le Front national, Nicolas Sarkozy refuse de choisir. Après l'élimination du candidat UMP dès le premier tour de l'élection législative partielle du Doubs, dimanche, le président du parti campe sur la ligne du "ni-ni". Une consigne qu'il compte bien défendre mardi soir, lors d'un bureau politique chargé de fixer les consignes officielles de l'UMP. Mais la question embarrasse au sein du parti. Plusieurs voix s'élèvent en faveur du "front républicain", et même dans le camp du "ni-ni", chaque ténor multiplie les précautions rhétoriques lorsqu'il s'exprime sur le sujet. Quant à certains, ils préfèrent carrément le silence radio. Petit inventaire.

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• "Je vote PS pour battre le FN". Quelques voix se sont élevées dès dimanche soir pour appeler sans hésitation au "front républicain". "Je vote PS pour battre le FN", a tweeté le député de Charente-Maritime Dominique Bussereau, proche de Jean-Pierre Raffarin. Même credo chez le sénateur Jean-Pierre Grand, proche de Dominique de Villepin : "l'UMP ne peut qu'appeler au rejet du vote FN", affirme-t-il. "Je soutiens les valeurs de la République", a tweeté de son côté la sénatrice Fabienne Keller, secrétaire nationale de l'UMP à l'environnement et aux transports, qui "ne se retrouve pas dans le 'ni-ni'".

NKM AFP 1280

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• Le vote PS "à titre personnel" et "sans gaité de cœur". Vice-présidente déléguée de l'UMP, Nathalie Kosciusko-Morizet a elle aussi prôné le "front républicain", mais en des termes plus nuancés. "Si j'étais moi, personnellement, confrontée à ce choix, avec regret, sans gaité de cœur, je choisirais néanmoins de voter pour le candidat opposé au candidat du Front national. C'est un choix personnel", a-t-elle déclaré lundi sur BFMTV.

Wauquiez AFP 1280

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• "Je voterais blanc si je devais voter". Problème : le numéro 3 de l'UMP a contredit la numéro 2. "Je voterais blanc si je devais voter", a indiqué lundi Laurent Wauquiez, secrétaire général du parti. Avec le raisonnement suivant : 1) "Mes idées ne sont pas celles du Parti socialiste donc je n'appelle pas à voter socialiste". 2) "Je ne partage pas les idées du Front national donc je ne vote pas pour le FN". Pour Laurent Wauquiez, c'est "une question de cohérence" : "on ne peut pas dénoncer la politique du chômage, le matraquage des classes moyennes et l'assistanat et le lendemain appeler à voter pour la gauche",

Le Maire Bruno AFP 1280

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• Le front républicain, "une solution de facilité". D'autres ténors de l'UMP refusent eux aussi le front républicain, en mettant en avant le respect des électeurs du FN. "C'est un peu une solution de facilité, c'est une manière de se défausser, de ne pas chercher ses responsabilités, de ne pas élaborer un discours fort, de propositions qui puissent convaincre les électeurs", a estimé sur France InfoBruno Le Maire, qui ne veut pas "apporter une réponse morale à un problème politique". Le député Henri Guaino a tenu le même discours, lundi sur Europe 1. "Le front républicain, c'est l'expression d'un double mépris", a-t-il affirmé : "le mépris de ses propres électeurs" et "celui que l'on témoigne au tiers des électeurs qui ont voté pour le Front national".

• Le PS "fait monter le Front national". D'autres encore pointent du doigt le Parti socialiste, accusé de favoriser le vote FN. "Dans ma région, il y a ceux qui ont créé la situation où le FN prospère, c'est le PS, et il y a ceux qui aggravent ce constat, c'est le FN : je ne choisis pas entre le FN et le parti socialiste", a expliqué lundi sur Europe 1 le député du Nord Gérald Darmanin, secrétaire général adjoint de l'UMP aux élections. "Les électeurs vont avoir le choix entre le Front national et le parti qui fait monter le Front national", a renchérit sur France Info l'ancien ministre Luc Chatel, pour qui "le Front national n'est pas une voie, mais le front républicain n'en est pas une autre."

Juppé Fillon AFP 1280

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• Ceux qui ne se mouillent pas. Les principaux rivaux de Nicolas Sarkozy sont restés étrangement silencieux au lendemain du premier tour. Alain Juppé ne compte pas s'exprimer avant le bureau politique de mardi, même si l'un de ses soutiens, le député Edouard Philippe, a estimé sur France 3 qu'il fallait "faire barrage au Front national". Silence radio aussi du côté de François Fillon, qui conseillait en septembre 2013 de voter pour le candidat "le moins sectaire" en cas du duel FN-PS.

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