Don Quichotte : fin du mouvement mais vigilance

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Administrator User , modifié à
Les Enfants de Don Quichotte ont appelé lundi à la levée des villages de tentes installés à Paris depuis près d'un mois et en province après les mesures gouvernementales obtenues en faveur des sans-abri. L'association a toutefois précisé que l'opération pourrait prendre "plusieurs semaines", alors que plusieurs organisations locales ont décidé de rester l'arme au pied.

Changement radical des Enfants de Don Quichotte. Alors que l'association a déployé ces derniers-jours des tentes dans plusieurs villes de France, elle vient d'appeler à la fin du mouvement. "Un changement radical de politique concernant les sans-abri et la certitude qu'un droit au logement opposable sera adopté prochainement dans un vrai esprit de consensus politique et associatif nous conduit à une sortie de crise immédiate", a-t-elle estimé dans un communiqué. Le texte précise qu'un plan d'urgence est mis en oeuvre dès ce lundi pour lancer le processus conduisant "à la fin des campements". "On va lever le camp progressivement, au fur et à mesure des relogements ou des mises dans des hébergements de longues durées, dans des conditions dignes", a déclaré Jean-Baptiste Legrand, fondateur de l'association. "On a des garanties du comité de suivi. Il faut le temps. Ce n'est pas un coup de baguette magique. Donc cela va prendre quelques semaines parce qu'il y a du monde", a-t-il ajouté. Les Enfants de Don Quichotte ne s'occuperont pas des relogements, a souligné le fondateur. "Il y aura des associations spécialisées qui gèreront au cas par cas les différentes personnes qui sont sur le campement". "Je me suis battu avec mon coeur, avec mes tripes et je ne suis piloté par personne", a déclaré de son côté son frère Augustin Legrand. Mais, sur place les SDF refusent de lever dans l'immédiat les campements et disent attendre des "garanties concrètes". "Nous sommes formels: il n'est pas question de lever le camp tant que tous les problèmes ne sont pas réglés", a dit Nicole, l'organisatrice du mouvement à Bordeaux. "Aujourd'hui nous sommes à 55 (tentes) et d'autres seront dressées mardi, c'est vous dire qu'on ne va pas partir de sitôt", a-t-elle ajouté. A Strasbourg où les premières tentes ont été plantées, il y a trois jours, les responsables locaux de l'association réclament "des garanties concrètes". "Ces annonces extraordinaires, magnifiques et mirobolantes ne sont porteuses d'aucune garantie ni au niveau national, ni au niveau local", a dit Monique Maitte, porte-parole du collectif strasbourgeois de l'association. A Lille, Marc de Beer, le responsable local des Enfants de Don Quichotte, plus optimiste, a affirmé que "d'ici à 48 heures les tentes auront déménagé". Le gouvernement avait quelques heures avant annoncé une série de nouvelles mesures pour améliorer le logement des plus démunis moins d'un mois après la mobilisation pour les sans-abri lancée par l'association. Outre des mesures ponctuelles destinées à permettre aux SDF de trouver des solutions d'hébergement sur la durée, le gouvernement a confirmé la présentation d'un projet de loi sur le droit au logement opposable la semaine prochaine. Ce projet de loi, qui sera débattu en conseil des ministres le 17 janvier, sera inscrit à l'ordre du jour du Sénat fin janvier et de l'assemblée nationale en février. Il devrait donc pouvoir être adopté avant la fin de la législature. Le ministre de l'Emploi et de la Cohésion sociale Jean-Louis Borloo a précisé que toute personne accueillie dans des centres "devra se voir proposer" une solution pérenne dans le parc public social ou dans le parc privé". Pour mettre en oeuvre ce nouveau dispositif d'accueil, le gouvernement prévoit 27.100 places nouvelles, dont 9.000 en maison relais. En quelques semaines, les Enfants de Don Quichotte, nés sous l'impulsion d'un comédien, Augustin Legrand, de nombreux membres de sa famille, et de militants associatifs, ont réussi à peser sur le débat présidentiel et à faire réagir la classe politique dans l'urgence. L'installation le 16 décembre dernier de plus de 200 tentes le long du canal Saint-Martin, à Paris, après s'être vu interdire l'accès de la place de la Concorde, a joué un rôle décisif dans la médiatisation du mouvement. Les enfants de Don Quichotte ont mis en avant des mesures réclamées depuis de longues années par les associations caritatives, qui, bien que n'ayant pas ménagé leurs efforts, n'avaient pas obtenu les mêmes résultats. Médecins du monde (MDM) avait ouvert la voie des villages de tentes dès 2005 en distribuant plus de 400 tentes dans Paris afin de rendre les ans-abri et la question des mal-logés "plus visible". D'abords prudents, voire hostiles au droit au logement opposable, les responsables politiques se sont presque tous rangés derrière la bannière des Enfants de Don Quichotte.