Départements : le FN reste sur la touche

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Louis Hausalter , modifié à
SANS EUX - Les 62 élus frontistes ne participent à aucune majorité dans les nouveaux conseils départementaux, la droite ayant refusé toute alliance.

Conclure des accords pour participer à des majorités départementales, le Front national n'était pas contre. Le parti, qui dispose désormais de 62 élus dans les conseils départementaux, a même publié mardi une charte fixant des points d'accord pouvant servir de base à des alliances. Las ! A l'issue de l'élection des présidents des assemblées départementales, jeudi, force est de constater que le FN a échoué dans sa démarche. Dans les quelques départements dans lesquels les élus frontistes pouvaient espérer faire le forcing, ils ont été écartés, parfois au prix d'alliances entre la gauche et la droite.

Gard : la droite a laissé gagner la gauche. La situation était particulièrement tendue dans le Gard. Le FN n'y a obtenu que quatre élus sur 46, mais pouvait jouer un rôle d'arbitre, puisque la gauche et la droite sont arrivées quasiment à égalité. L'UMP locale a cependant refusé toute alliance avec les frontistes en vue de l'élection du président. Son chef de file, Laurent Burgoa, a retiré sa candidature au troisième tour de scrutin, préférant laisser la gauche conserver le département plutôt que d'accepter les voix des élus FN . "J'ai pris mes responsabilités. C'est la République et ses valeurs qui ont motivé ma décision", a-t-il expliqué. Le socialiste Denis Bouad, élu président du conseil départemental, a pour sa part remercié le groupe UMP-UDI, se disant prêt à travailler "en bonne intelligence" avec lui.

Vaucluse : le FN exclu. Dans le Vaucluse voisin, c'est un même type d'accord qui a permis d'écarter le FN. Alors que droite et gauche disposent chacun du même nombre de conseillers, c'est le divers droite Maurice Chabert, 71 ans, qui a été élu au bénéfice de l'âge. "La gauche classique et la droite républicaine ont tout intérêt à s'entendre", estimait-il au micro d'Europe 1 peu avant son élection. "Il y a un contrat moral avec des socialistes de bon sens". Malgré ses six sièges et la présence au conseil départemental de quatre élus de la Ligue du Sud, autre parti d'extrême droite, le FN n'a pu qu'assister à ces "manœuvres", selon le mot de son chef de file, Hervé de Lépineau. "Nous aurons évidemment tout le loisir de dénoncer le système UMPS puisqu'il sera, là, concrètement démontré",  affirme-t-il.

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Dans l'Aisne, où huit candidats FN ont été élus, Xavier Bertrand, patron de la fédération UMP, a appliqué le "ni-ni" en refusant tout accord avec la gauche comme avec le FN. Résultat : le centriste Nicolas Fricoteaux (UDI) a été élu président du département grâce aux voix de l'UMP, mais avec une majorité relative.

Des majorités ténues. C'est d'ailleurs le problème qui risque de se poser dans cette poignée de conseils départementaux où le FN s'est invité en force. Comment gérer un département avec une majorité ténue ? La question devrait notamment revenir sur la table en fin d'année, lors du vote du budget. "Pour faire passer un budget, il faut obtenir les voix de la moitié des élus plus un", explique un président sortant de conseil général. Impossible si l'on n'a qu'une majorité relative, à moins de négocier, suggère-t-il. Ainsi, dans le cas d'un président de droite, "on peut imaginer qu'il tente de rallier des élus divers gauche en échange d'aménagements dans le budget".

"Petits arrangements entre amis". Les frontistes, eux, sont plutôt remontés. "Sans surprise, UMP et PS ont préféré les petits arrangements entre amis plutôt que notre charte d'intérêt général", dénonce Florian Philippot, vice-président du FN, contacté par Europe 1. "Pour les Français, c'est révélateur de la réalité indiscutable et éclatante de l'UMPS". Marginalisés, quel rôle les 62 conseillers départementaux frontistes pourront-ils jouer ? "Nos élus d'opposition feront des propositions alternatives de fond", assure Florian Philippot. Pas évident de les faire adopter, lorsqu'on est cantonné dans l'opposition.

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