Départementales : les cinq enjeux du second tour

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L'ESSENTIEL - Combien de départements le PS va-t-il perdre ? Le FN peut-il emporter des départements ?

De quelle couleur sera la robe de votre département dimanche soir ? 43 millions d'électeurs sont appelés aux urnes pour le second tour des élections départementales. Au premier tour, dimanche dernier, l'UMP et l'UDI sont sortis grands vainqueurs avec 27,5% des voix au niveau national, devant le FN (25%) et le PS à 21,4%. Selon un sondage Ifop pour Europe 1 et le Figaro, la droite devrait transformer l'essai dimanche, remportant entre 970 et 1.110 cantons, contre 560 à 680 pour le PS et ses alliés et 50 à 110 pour le FN.

>> Combien le PS risque-t-il de perdre de départements ? Le FN va-t-il en gagner ? Quels sont encore les départements à suspens ? Europe 1 vous résume ce qu'il faut savoir avant dimanche.

Le PS pourrait perdre 40 départements. Aujourd'hui, la gauche détient 59 conseils généraux : 53 ont un socialiste à leur tête, trois sont tenus par des Radicaux de gauche, deux par des communistes, et un par un président divers gauche. La droite en détient, elle, 40. Or, la gauche, déjà éliminée dans 524 cantons au premier tour, pourrait perdre les deux tiers de ses départements au profit de la droite, et ne devrait en gagner aucun. Selon l'estimation d'un dirigeant socialiste, en effet, le PS n'est sûr de garder que 17 départements.

Le PS a déjà perdu le Nord, ce qui un symbole considérable : de 1945 à aujourd'hui, le département a toujours été entre les mains des socialistes, sauf de 1992 à 1998, où le RPR l'avait emporté. Dans l'Eure, les Pyrénées-Atlantiques, les Bouches-du-Rhône, la Drôme, l'Isère, le Jura, le Doubs ou encore les Territoire-de-Belfort, aujourd'hui aux mains du PS, la droite est également donnée favorite.

Dans les autres départements actuellement détenus par la gauche, le suspense est encore entier. Mais plusieurs bastions socialistes ou communistes symboliques pourraient également basculer au profit de l'UMP et ses alliés. Ainsi en est-il de la Corrèze, fief  de François Hollande, de l'Essonne, terre chère à Manuel Valls, où même du Val-de-Marne, communiste depuis 1976. Gauche et droite y sont au coude à coude.

Départementales

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Le FN lorgne deux départements. Selon l'Ifop, le FN pourrait obtenir 50 à 110 cantons, sur les 1.100 dans lesquels ils sont qualifiés pour le second tour. Avec 110 ou même 50 conseillers départementaux élus, le FN exploserait ainsi ses performances passées : le Front national ne compte que deux conseillers sortant, et son record est de trois élus, en 1994. Mais a-t-il des chances de diriger un département ?

Dans l'Aisne, le FN peut obtenir une majorité, mais une majorité relative seulement. Pour réduire au maximum les gains attendus du parti de Marine Le Pen (sept cantons, outre un conquis dès le 1er tour), la gauche comme la droite se sont retirées là où elles se classaient 3e. Sur huit triangulaires possibles, il n'en reste plus qu'une.

Arrivé en tête dans 11 des 17 cantons du Vaucluse, remportant même celui du Pontet, le FN mise clairement sur la conquête de ce département, où l'effondrement de l'UMP s'est poursuivi. Pour faire barrage, le PS s'est retiré dans deux cantons, l'UMP dans un. Le FN, lui, s'est effacé derrière la Ligue du sud à Bollène, pour offrir une chance à son potentiel allié identitaire de l'emporter face au PS.

Les consignes pas toujours respectées par les candidats … Le second tour des départementales donnera lieu à 1.614 duels et 278 triangulaires. Au vu des résultats du premier tour dimanche dernier, il pouvait y avoir 314 triangulaires, ce qui signifie qu'il y a eu 36 retraits de candidatures en tout, la plupart pour faire barrage au FN. Mais tous les candidats n'ont pas respecté les consignes de leur parti en la matière.

Triangulaires

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Les partis de gauche avaient majoritairement appelé leurs candidats à se retirer en cas de triangulaire où le FN est en mesure de l'emporter. Manuel Valls a, pour sa part, appelé les socialistes à se retirer "là où la gauche ne peut pas concourir". Une consigne qui donne certaines libertés que les candidats n'ont pas manqué de saisir : comme l'énumère Le Figaro, dans le Nord, le Pas-de-Calais, le Loiret ou encore la Drôme, certains candidats socialistes ont décidé de se maintenir, malgré un risque certain de voir le FN l'emporter dans leur canton.

A l’UMP, Nicolas Sarkozy a confirmé sa stratégie du "ni-ni", ni Parti socialiste, ni Front national. Le président de l'UMP avait donc appelé tous les candidats à se maintenir lors des triangulaires. À l'UDI, les candidats ont eu pour consigne de se maintenir, mais de voter PS en cas de duel FN-PS. Mais certains candidats de droite ont tout de même décidé de ne pas respecter le "ni, ni", pour faire clairement barrage au FN. Ainsi, le binôme UMP du canton de Pernes-les-Fontaines, dans le Vaucluse, se retire pour permettre au PS de battre le parti de Marine Le Pen. Trois candidats de droite qui avaient peu de chance de l'emporter se sont aussi retirés dans l'Aisne, et un dans le Pas-de-Calais.

… Ni par les électeurs.  Côté électeurs, les consignes ne sont pas toujours respectées non plus, surtout à gauche. Malgré les appels à faire barrage contre le FN, selon Ifop, en cas de duel UMP-FN, 62% des électeurs de gauche préféreraient s'abstenir ou voter blanc plutôt que de voter pour l'UMP.

Les électeurs de droite, en revanche, sont majoritairement pour le "ni, ni" souhaité par Nicolas Sarkozy. Selon Ifop, en cas de duels gauche-FN, 60% des électeurs de droite opteraient pour le vote blanc ou l'abstention. 

L'élection des présidents, le troisième tour. Quand il y en a plus il y en a encore. Après le second tour de dimanche, l'élection ne sera pas tout à fait finie. Début avril, aura en effet lieu l'élection des présidents des départements, élus par les conseillers que vous aurez vous même élu. D'où l'importance des alliances et des rapports de force. Dans le Vaucluse, par exemple, le FN compte sur une victoire de la Ligue de Sud dans le canton de Bollène, pour espérer s'allier avec elle et obtenir l'élection d'un président frontiste.

L'élection d'un président se fait en deux tours. S'il n'y a toujours pas de majorité absolue à l'issue de ces deux tours, un troisième tour a lieu, et c'est le parti qui a obtenu la majorité relative qui l'emporte. Si, à l'issue de ce troisième tour, aucune majorité ne se dégage, c'est l'élu le plus... âgé qui est chargé de désigner le vainqueur. Dans l'Aisne, par exemple, le PS, l'UMP et le FN pourraient se partager sept cantons chacun. A l'issu de ces trois tours, c'est l'UMP, auquel appartient le candidat le plus âgé, qui l'emporterait donc.

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