Clichy-sous-Bois : deux policiers mis en examen

  • Copié
Administrator User , modifié à
Deux policiers ont été mis en examen mercredi pour non-assistance à personnes en danger dans l'affaire de Clichy. Les deux adolescents Zyed et Bouna sont morts électrocutés dans un transformateur EDF le 27 octobre 2005. Cet événement était à l'origine de la vague de violence dans les banlieues.

Soulagement des familles de Zyed et Bouna, ces deux adolescents morts électrocutés à Clichy-sous-Bois, en région parisienne. Deux policiers ont été mis en examen dans cette affaire. Initialement, ils avaient été entendus en qualité de témoins assistés. Finalement, ils sont poursuivis pour "non-assistance à personnes en danger". En octobre 2005, trois adolescents étaient pourchassés par des policiers ; ils s'étaient alors réfugiés dans un transformateur EDF. Deux d'entre eux, Zyed Benna et Bouna Traoré, sont morts électrocutés. Le troisième, Muhittin Altun, a été gravement blessé. Le drame avait déclenché des violences urbaines dans toute la France, parmi les plus graves depuis la Seconde guerre mondiale. Violences qui ont duré jusqu'au 17 novembre et qui se sont soldées par 300 bâtiments et 10.000 véhicules incendiés, ainsi que 130 policiers et émeutiers blessés. Dans le déclenchement de ces violences, les familles des victimes de Clichy jugent déterminants les propos de Nicolas Sarkozy. Le ministre de l'Intérieur avait assuré publiquement le lendemain des faits que les jeunes gens décédés étaient impliqués dans un vol sur un chantier et n'étaient pas poursuivis par la police lorsqu'ils avaient gagné le transformateur. Le parquet de Bobigny avait attendu le 3 novembre pour ouvrir une information judiciaire. L'enquête menée par l'Inspection générale des services, la "police des polices", a pourtant jugé "établi" qu'il y avait eu deux poursuites successives, à chaque fois "brève, à la fois dans le temps et l'espace", et confirmant aussi une intrusion préalable sur un chantier privé. Les éléments fondant les mises en examen sont des conversations radio lors du drame, reprises dans le rapport IGS. Le premier mis en examen est un gardien de la paix présent sur le terrain. Par trois fois, il déclare à ses collègues avoir vu les deux jeunes gens se diriger vers le transformateur EDF et lance : "S'ils rentrent sur le site EDF, je ne donne pas cher de leur peau". Le second mis en examen est un policier ayant reçu les alertes à la salle de contrôle. Il est reproché aux suspects de ne pas avoir prévenu EDF pour que l'électricité soit coupée. Toutefois, les policiers n'ont pas été suspendus. Le Syndicat général de la police (SGP-FO) a protesté : "Dans un contexte politique différent, mes collègues n'auraient certainement pas été mis en examen. C'est inacceptable! La police ne doit pas être un bouc émissaire", déclare Nicolas Comte, secrétaire-général du SGP-FO