Jacques Chirac a lancé un sérieux avertissement à Nicolas Sarkozy en affirmant dans ses voeux au gouvernement que le débat électoral ne saurait "en aucun cas" éloigner les ministres de leur mission au service des Français. Dans un discours lui aussi truffé de formules dignes d'un candidat, Dominique de Villepin lui a fait écho en invoquant le devoir de "vérité" et "d'action" de son équipe, tout en revendiquant sa part de "liberté". "La première responsabilité du gouvernement, c'est de faire en sorte que les échéances à venir soient bien ce grand moment de débat national auquel les Français aspirent", a déclaré le Premier ministre en présentant les voeux du gouvernement à Jacques Chirac. "Pour cela nous avons un premier devoir, que vous nous avez fixé monsieur le président : un devoir d'action", a-t-il souligné en réponse au chef de l'Etat qui a appelé le gouvernement à rester mobilisé. "En 2007, nous devons continuer à nous battre pour développer encore l'emploi, réduire la dette publique, fortifier notre croissance, répondre aux attentes des plus faibles", a-t-il poursuivi. "Quatre mois, ce n'est pas rien à l'échelle d'un pays : c'est le temps nécessaire pour jeter les bases d'un droit au logement opposable, pour réformer le régime des tutelles, pour mieux défendre les droits des consommateurs, pour améliorer encore la sécurité de chacun", a précisé le chef du gouvernement. Dominique de Villepin a par ailleurs invoqué un "devoir de vérité", "une exigence absolue à l'égard des Français" lors de la campagne présidentielle. "Nous devons éclairer les Français sur l'évolution du temps de travail et des emplois, sur l'impératif du désendettement, sur le respect des droits et des devoirs de chacun, sur l'urgence de la refonte de notre système universitaire et de formation", a-t-il dit. Auparavant, Jacques Chirac avait demandé aux ministres de rester totalement mobilisés sans se laisser perturber par la campagne électorale, qui, a-t-il insisté, ne saurait "en aucun cas" se dérouler au détriment de leur mission gouvernementale. "Vous aurez certainement à coeur de prendre part au débat national qui s'annonce", a dit le chef de l'Etat dans son traditionnel message de voeux au gouvernement, réuni à l'Elysée avant le premier conseil des ministres de l'année. "Il est légitime que vous puissiez le faire mais il faudra le faire dans le cadre d'un principe clair : cet engagement dans le débat électoral ne saurait en aucun cas s'exercer au détriment de votre mission gouvernementale", a-t-il insisté. Un message qui semblait s'adresser à Nicolas Sarkozy, très probable candidat de l'UMP dans la course à l'Elysée.