Charlie Hebdo : relaxe requise

  • Copié
Administrator User , modifié à
Le parquet a requis jeudi la relaxe de Charlie Hebdo et de son directeur Philippe Val. Ils étaient jugés en correctionnelle à Paris pour la publication de trois dessins de Mahomet jugés racistes par des organisations musulmanes. Le jugement a été mis en délibéré dans la nuit de jeudi à vendredi.

La procureure de la République a défendu le principe de la liberté d'expression. Les caricatures ne s'en prennent pas à la religion musulmane mais à l'intégrisme. Elle a même rendu un hommage indirect à Charlie Hebdo, devenu, a-t-elle dit, "pour nombre de nos concitoyens le reflet vivant de la liberté de la presse dans uns société démocratique qui ne peut être théocratique". Cette prise de position de position était très attendue car le parquet n'était pas à l'origine des poursuites. Aucune condamnation n'a donc été réclamée à l'encontre du journal Charlie Hebdo. Le jugement a été mis en délibéré dans la nuit de jeudi à vendredi après les plaidoiries des avocats de Charlie Hebdo et Philippe Val.Les avocats des plaignants, la Grande mosquée de Paris, l'Union des organisations islamiques de France et la Ligue islamique mondiale, avaient défendu l'idée que l'hebdomadaire satirique avait insulté les croyants musulmans. Ils ont soutenu qu'ils n'entendaient pas s'en prendre à la liberté d'expression ou établir un délit de blasphème, mais dénoncer ce qu'ils considèrent comme du racisme. Plusieurs témoins ont encore soutenu jeudi Charlie Hebdo à la barre, dont François Bayrou. "Je suis croyant, j'ai un attachement pour les religions et si j'avais été directeur d'un de ces journaux, je n'aurais pas publié (ces dessins). Mais au-dessus de cela, il y a le pilier central de nos sociétés qui est la liberté d'expression", a dit à la barre le candidat UDF à la présidentielle. La veille, le candidat UMP à l'Elysée Nicolas Sarkozy et le premier secrétaire du PS François Hollande avaient exprimé un point de vue similaire, l'un dans une lettre lue à l'audience, l'autre à la barre du tribunal.Philippe Val est poursuivi par la Grande mosquée de Paris, l'Union des organisations islamiques de France et la Ligue islamique mondiale pour "injures publiques envers un groupe de personnes en raison de leur appartenance à une religion", une accusation passible en théorie de six mois de prison et de 22.500 euros d'amende. Sur les trois dessins visés par la poursuite, deux publiés initialement en 2005 au Danemark par le quotidien Jyllands-Posten, montrent pour l'un le prophète Mahomet avec une bombe dans son turban et pour l'autre, le même personnage accueillant des kamikazes au paradis et déclarant, "stop, on est à court de vierges". Le troisième dessin attaqué, oeuvre du dessinateur Cabu et publié en couverture de Charlie Hebdo, montre, avec un titre "Mahomet débordé par les intégristes", le prophète qui se voile les yeux et dit : "c'est dur d'être aimé par des cons".