Ce maire qui déverse de la boue sur un camp de Roms

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Kevin Thuilliez et , modifié à
REPORTAGE -  Près de Lille, un édile a choqué les riverains par ses méthodes pour le moins brutales.

L'INFO. Une initiative qui laisse pour le moins perplexe. Pour déloger des Roms installés dans sa ville depuis près d'un an, le maire d'une commune du Nord, Haubourdin près de Lille, a eu recours à une méthode… inhabituelle : il a fait déverser de la boue sur leur campement. Europe 1 s'est rendue sur place. 

"Cela reste des êtres humains, bordel !" Les cinq familles sont encerclées par plus d'un mètre de boue. Impossible même de sortir leur caravane. Un spectacle qui choque certains riverains, comme Amélie, qui retient tout juste ses larmes au micro d'Europe 1 : "je n'en reviens pas ! On peut être contre les Roms, contre leur camp, mais cela reste des êtres humains, bordel ! La méthode est violente, ce n'est pas humain…"

Un tour de passe-passe qui fâche. Les Roms étaient sous le coup d'une procédure d'expulsion, mesure prise par le tribunal de grande instance de Lille. Ils devaient quitter les lieux le 9 avril dernier délai. Mais il y a huit jours, ils ont déplacé leurs installations sur la parcelle voisine, propriété du département, empêchant donc leur expulsion. Objectif : gagner du temps pour que les enfants terminent leur année scolaire.

"Les enfants sont traumatisés". Le maire d'Haubourdin, Bernard Delaby (divers-droite), n'a pas supporté ce pied de nez. Comme il l’avait évoqué devant les associations, il a donc fait déverser de la boue. "Est-ce que vous êtes là le soir, la nuit, quand ils brûlent des câbles, quand ils utilisent des tronçonneuses ? Les enfants ne peuvent pas dormir !" Mais pour cette militante, "il y avait d'autres méthodes, on aurait pu prendre le problème différemment.  Je trouve cela honteux. Les enfants sont traumatisés parce que la police est là depuis plusieurs, à tourner autour de leur campement. C'est inacceptable."

Les familles Roms, elles, sont surtout inquiètes de la dangerosité de la boue, qui pourrait contenir du plomb, un danger pour les 12 enfants présents sur le camp. "C'est scandaleux. Il y a un bébé d'un an ici. Les enfants peuvent tomber malades car ce n'est pas de la bonne terre", se plaint l'un d'entre eux. Les associations vont se relayer toute la journée de vendredi sur le site pour éviter que de la boue soit de nouveau déversée sur le camp.

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