Bové se pose en "prisonnier politique"

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Administrator User , modifié à
José Bové est théoriquement menacé d'incarcération pendant sa campagne présidentielle, après la confirmation définitive en cassation d'une condamnation à quatre mois de prison ferme pour un fauchage d'OGM à Menville (Haute-Garonne) en juillet 2004. Le leader altermondialiste était en meeting mercredi soir à Aubagne, dans les Bouches-du-Rhône.

"Ce soir, ou j'étais à Aubagne ou j'étais au bagne". C'est par cette boutade que José Bové a commencé son meeting électoral mercredi soir dans les Bouches-du-Rhône. Devant une assistance de près de 1.500 personnes, il a surtout réitéré sa volonté à fédérer sous son nom les forces de la gauche anti-libérale. Mais comme il le dit lui-même, il a "une épée de Damoclès au-dessus de la tête". Mercredi en début d'après-midi, la décision de la cour de cassation est tombée: la condamnation de José Bové à quatre mois de prison pour fauchage d'OGM a été confirmée. Le leader altermondialiste, sanctionné pour "destruction d'un bien appartenant à autrui en réunion et en récidive, a cependant immédiatement annoncé qu'il maintenait sa candidature à l'Elysée et s'est présenté en "prisonnier politique" potentiel. La complexité de la procédure, qui va passer par un juge d'application des peines (JAP), magistrat indépendant par son statut, puis par le procureur général de Toulouse, pourrait cependant repousser le règlement de l'affaire après les élections, évitant à José Bové de faire campagne derrière les barreaux. "Si je vais en prison, c'est la tête haute, c'est pour m'être battu pour la démocratie, pour le droit des Français qui refusent les OGM à 80%", a-t-il dit aux journalistes. "Je serai peut-être le premier prisonnier politique qui sera en même temps candidat à l'élection présidentielle. Je ne m'attendais pas à une telle situation. Si je dois y aller, j'assumerai cette responsabilité, je ne me cacherai pas", a-t-il ajouté. La Cour de cassation a rejeté le pourvoi contre la condamnation en appel en novembre 2005 à Toulouse du leader altermondialiste, ainsi que ceux de huit autres prévenus, dont Noël Mamère, condamnés à des peines de prison avec sursis. La plus haute juridiction française a rejeté la demande d'annulation de la peine que les prévenus avaient déposé au nom de "l'état de nécessité", en invoquant notamment le principe de précaution et la Charte de l'environnement. Aux termes de la loi, le JAP doit convoquer le condamné et discuter avec lui d'éventuelles modalités d'exécution alternatives de sa peine, semi-liberté (prison la nuit et liberté le jour), placement sous bracelet électronique ou liberté conditionnelle (dispense de facto d'exécution de la peine). José Bové a cependant expliqué qu'il refuserait ces aménagements s'ils lui étaient proposés. Dans ce cas, le dossier reviendra au parquet général de Toulouse, soumis hiérarchiquement par son statut au ministère de la Justice. Ce magistrat devra alors décider ou non de le faire arrêter et emprisonner pour purger sa condamnation, sans cependant être tenu à un délai. L'ensemble de la procédure peut donc prendre plusieurs mois. José Bové a expliqué qu'il ferait quoi qu'il arrive campagne pour demander un moratoire sur la culture des OGM, même pour les essais scientifiques, car il croit savoir que le gouvernement prépare "dans le plus grand secret" des décrets libérant ce type de cultures.