Barrage de Sivens : à quoi va servir la réunion avec Royal ?

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Louis Hausalter avec AFP , modifié à
ON VOUS EXPLIQUE - Ségolène Royal réunit mardi soir les acteurs du dossier. Quels sont les enjeux ?

Sur le dossier du barrage controversé de Sivens, Ségolène Royal a bel et bien pris les choses en main. La ministre de l'Ecologie réunit mardi, à 18 heures, l'ensemble des parties prenantes. Cette réunion intervient neuf jours après la mort du manifestant Rémi Fraisse lors d'affrontements avec les forces de l'ordre dans le Tarn, et alors que la construction de l'ouvrage a été suspendue pour une durée indéterminée.

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• Qui participera à cette réunion ?

Ségolène Royal a convié à son ministère les élus locaux concernés. Parmi eux, Thierry Carcenac, le président PS du conseil général du Tarn, maître d'ouvrage du barrage, et Martin Malvy, président socialiste de la région Midi-Pyrénées et président de l'Agence de l'eau Adour-Garonne. Les associations agricoles seront elles aussi autour de la table, et notamment le syndicat des agriculteurs FNSEA, ainsi que les associations de protection de l'environnement, dont le réseau France Nature Environnement. Enfin, les deux ingénieurs qui ont rédigé le rapport d'expertise sur le projet de barrage seront présents.

• De quoi va-t-on parler ?

"Ma responsabilité est de trouver des solutions. C'est l'objectif de la réunion de mardi", a insisté Ségolène Royal, dimanche au Grand Rendez-vous Europe 1/Le Monde/i>Télé. Les discussions porteront avant tout sur le rapport d'experts, selon la ministre. Ce document commandé en septembre par le ministère de l'Ecologie est sévère sur la pertinence du projet, pointant des besoins surestimés, une étude d'impact "de qualité très moyenne, "un financement fragile" et le manque d'"analyse des solutions alternatives possibles". Une dernière lacune dénoncée également par Nicolas Hulot, au micro d'Europe 1 mardi.

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Les experts recommandent cependant de poursuivre les travaux, qui ont atteint un stade trop avancé pour être interrompus, tout en préconisant plusieurs modifications. Ils conseillent notamment de réduire le volume d'eau destiné à l'irrigation classique, ou encore de faire porter le coût de fonctionnement aux usagers, c'est-à-dire aux agriculteurs.

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• Sera-t-on fixé dès ce soir sur l'avenir du barrage ?

C'est peu probable. Ségolène Royal doit faire une déclaration à la presse après la réunion, mais ce n'est pas elle qui décidera de l'arrêt ou de la poursuite des travaux. Car, comme le rappelle la ministre, "cela restera une décision du conseil général". "Mais on peut aider à l'émergence d'une solution", insiste-t-elle.

• Quelle est la position de Ségolène Royal ?

Officiellement, la ministre se pose en organisatrice du dialogue entre les acteurs du dossier. En réalité, selon les informations d'Europe 1, Ségolène Royal s'est forgé une conviction claire : pour elle, le barrage doit être enterré. Dimanche, elle avait pointé sur Europe 1 "une erreur d'appréciation", ajoutant qu'"un tel ouvrage ne serait plus possible aujourd'hui". Pour la ministre, c'est aussi une affaire politique. Celle qui reste l'une des rares courroies de transmission entre le gouvernement et les Verts tient à ménager ces derniers, sur fond de tensions très vives entre l'exécutif et les écologistes.

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Ségolène Royal risque cependant de devoir couper la poire en deux. Mardi sur France 2, elle a plaidé pour une "convergence entre points de vue très différents" afin de "trouver un équilibre" entre le développement économique et la défense de l'environnement. "On n'est pas dans le tout ou rien", a ajouté la ministre, souhaitant "que chacun accepte de renoncer à une partie de sa vérité pour construire une vérité collective, au service du pays".

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• Et François Hollande, que pense-t-il de tout cela ?

En visite d'Etat au Canada, le président de la République a salué l'action de sa ministre. "Madame Royal fait une réunion de concertation sur la base d'une expertise. C'est la bonne méthode", a déclaré François Hollande lundi. Tout en rappelant, au sujet du barrage, que "c'est un ouvrage limité qui dépend du conseil général du Tarn et qui a déjà été engagé".

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