Affaire Borrel : la juge convoque le président de Djibouti

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Administrator User , modifié à
La juge Sophie Clément, chargée d'enquêter sur la mort du magistrat Bernard Borrel, il y a 11 ans à Djibouti, a demandé à entendre le président djiboutien Ismaïl Omar Guelleh, présent à Cannes pour le sommet Afrique-France. Bien qu'annoncé, le président Guelleh était absent du dîner offert par Jacques Chirac mercredi en l'honneur de 17 chefs d'Etats et de gouvernement francophones, à l'hôtel Sofitel de Cannes.

La justice française souhaite entendre le président djiboutien Ismaïl Omar Guelleh à l'occasion de sa venue au sommet Afrique-France. C'est la juge chargée d'enquêter sur la mort du magistrat Bernard Borrel, il y a 11 ans à Djibouti, qui a convoqué le chef d'Etat. "Nous avons sollicité l'audition, et la juge Clément a accepté notre requête. C'est une bonne chose. Cela signifie que la magistrate a jugé indispensable à la recherche de la vérité de pouvoir entendre M. Guelleh", a déclare Me Olivier Morice, avocat de la veuve du juge français. "Nous verrons bien si M. Guelleh est de bonne volonté", a ajouté l'avocat, qui juge "absolument indécent" que les autorités françaises accueillent le président djiboutien. Bien qu'annoncé, le président Guelleh était absent du dîner offert par Jacques Chirac mercredi en l'honneur de 17 chefs d'Etats et de gouvernement francophones, à l'hôtel Sofitel de Cannes. L'entourage du chef de l'Etat français a assuré que le président djiboutien serait bien présent au sommet, qui commence officiellement jeudi matin. Interrogé sur la possibilité d'une audition d'Ismaïl Omar Guelleh par la justice française, cette même source a précisé qu'"il existe un principe intangible en droit international selon lequel un chef d'Etat (en voyage à l'étranger) bénéficie d'une immunité de juridiction". "Cela s'applique dans le cas d'espèce", a-t-elle souligné. La juge Clément avait tenté sans succès d'interroger le président djiboutien lors de la visite de ce dernier en mai 2005 à Paris, où il avait été reçu par Jacques Chirac. "Nous sommes cette fois dans un contexte différent. Il y a quatre mandats d'arrêt internationaux lancés contre des ressortissants de Djibouti, dont le procureur général et le chef des services secrets", a souligné Olivier Morice. Le corps de Bernard Borrel, coopérant français et conseiller technique auprès du ministère de la Justice djiboutien, a été retrouvé carbonisé en octobre 1995. L'hypothèse du suicide avait été initialement retenue. Après plusieurs changements de magistrats et des expertises, notamment médico-légales, la piste criminelle est désormais suivie.