A Toulon, Sarkozy parle aux électeurs du FN

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Le candidat de l'UMP à l'élection présidentielle Nicolas Sarkozy a choisi mercredi la ville de Toulon, qui fut une conquête phare du Front national, pour s'adresser aux électeurs du parti d'extrême-droite et de son président Jean-Marie Le Pen.

Nicolas Sarkozy s'adapte à son auditoire. Après ses références à Blum ou Jaurès, le candidat UMP à la présidentielle s'est adressé hier soir directement aux électeurs du Front national. C'est à eux qu'il a consacré toute la première partie de son discours de plus d'une heure, ponctué par les applaudissements frénétiques d'environ 8.000 personnes. Dans une allusion à l'élection en 1995 d'un maire FN, Jean-Marie Le Chevallier, puis à la reconquête de la ville par l'UMP Hubert Falco en 2001, le ministre de l'Intérieur a dit mesurer le "sentiment que certains ici ont connu d'avoir parfois été trompés, d'avoir parfois été trompés". "Je sais parfaitement qu'ici ce soir, il en est parmi vous qui avaient dû se dire on ne nous y reprendra plus. Et pourtant vous êtes là", a-t-il dit. "Et c'est à vous que je veux parler." "Ici à Toulon, comme partout en France, j'entends ce cri qui s'élève des profondeurs du pays", a-t-il poursuivi : "Il y a des choses que nous n'acceptons plus parce qu'il y a des choses qui ne peuvent plus durer." "Ça ne peut plus durer que l'assisté gagne plus que le travailleur (...) Ça ne peut plus durer que des multi-récidivistes se moquent de la justice (...) Ça ne peut plus durer que le petit voyou comme le patron voyou restent impunis ...", a-t-il scandé avant de s'en prendre à "la mode si détestable de la repentance". Un message adressé "à tous ceux qui sont revenus des colonies en ayant tout abandonné", envers qui, selon Nicolas Sarkozy, la France a "une dette morale", et dont beaucoup ont fait souche dans le Sud-Est du pays, notamment après la guerre d'indépendance algérienne. "Cessons de noircir le passé de la France", a lancé Nicolas Sarkozy. "L'Occident longtemps pécha par arrogance et sans doute aussi par ignorance. Beaucoup de crimes et d'injustices furent commis. Mais la plupart de ceux qui partirent vers le sud n'étaient ni des monstres ni des exploiteurs." "Je veux dire à tous les adeptes de la repentance qui refont l'histoire et qui jugent les hommes d'hier sans se soucier des conditions dans lesquelles ils vivaient, ni ce qu'ils éprouvaient, 'de quel droit jugez-vous ?'" a-t-il ajouté. "De quel droit demandez-vous aux fils de se repentir des fautes de leurs pères, que souvent leurs pères n'ont commises que dans l'imagination des professionnels de la repentance ?" Aux enfants des harkis, ces musulmans d'Algérie qui ont choisi de servir la France pendant le conflit algérien, Nicolas Sarkozy a dit qu'ils méritaient excuses et réparations. Il a souhaité que la France accueille "fraternellement" les Algériens, Marocains, Tunisiens et autres ressortissants de ses anciennes colonies. Mais il a réaffirmé que devenir français supposait des "devoirs" et l'acceptation de l'histoire, de la culture et des valeurs de France. "Ce n'est pas à la France de s'adapter, c'est à celui qui vient de prendre en partage l'héritage qui est le nôtre", a-t-il dit. "Ceux qui veulent soumettre leurs femmes, ceux qui veulent pratiquer la polygamie, l'excision, le mariage forcé, ceux qui veulent imposer à leurs soeurs la loi des grands frères, ceux qui ne veulent pas que leur femme s'habille comme elle le souhaite, à ceux-là je veux dire que si je suis élu président de la République, ils ne seront pas bienvenus sur le territoire de la République." "A tous ceux qui haïssent la France et son histoire, à ceux qui n'éprouvent envers elle que de la rancoeur et du mépris, je dis aussi que personne n'est obligé de vivre en France contre son gré", a-t-il ajouté.