A Lille, Le Pen veut mobiliser ses troupes

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Administrator User , modifié à
Jean-Marie Le Pen compte donner une impulsion à sa campagne lors d'une Convention présidentielle ce week-end à Lille et mise sur un reflux de la "vague" Bayrou pour rééditer sa performance de 2002. Devancé dans les derniers sondages par le candidat centriste, le président du Front national veut croire qu'il ne s'agit d'un feu de paille favorisé par les médias, à l'instar de "l'opération Chevènement" d'il y a cinq ans. "François Bayrou ne résistera pas au vote utile", prédit-il en soulignant que lui-même reste à un niveau plus élevé (10% à 14%) qu'il y a cinq ans à la même époque (9%) et conserve donc ses chances d'accéder au second tour, comme en 2002.

"Nous gardons le calme des vieilles troupes", renchérit Marine Le Pen, fille du dirigeant frontiste et vice-présidente du FN. Même si la confiance reste de mise, Jean-Marie Le Pen sait qu'il doit conquérir de nouveaux électeurs s'il veut progresser et n'a pas ménagé ses efforts ces derniers mois pour se "républicaniser" avec l'aide de sa fille. La gauche l'a toutefois accusé mercredi d'avoir commis un nouveau dérapage en qualifiant d'"incident" les attentats du 11 septembre 2002 à New York. Le choix de Lille pour la Convention du FN s'explique par la volonté "d'envoyer un message très clair tourné vers le social", dans la capitale d'une région frappée par la désindustrialisation, explique Martial Bild, délégué national adjoint. "Il s'agit techniquement de rassembler les troupes pour se mettre en ordre de bataille. C'est une nouvelle étape mais aussi un moment crucial pour les signatures des élus", ajoute-t-il. Lundi dernier, Jean-Marie Le Pen a lancé un appel solennel aux élus pour qu'ils lui accordent "sans délai" les 500 signatures lui permettant de se présenter. Il a affirmé disposer de 460 à 500 promesses, chiffre qu'il juge insuffisant pour le mettre à l'abri de désistements. Le FN profitera de la convention de Lille, où il compte réunir 2.000 à 2.500 cadres et militants, pour y présenter le programme de son candidat. Son coût devrait être "à peu près en équilibre", a affirmé Jean-Marie Le Pen qui veut convaincre que son parti, longtemps figé sur une posture protestataire, a vocation à gouverner. A l'origine, la Convention de Lille devait faire la part belle à "l'Union patriotique" voulue pour le scrutin présidentiel par le président du FN, qui récuse désormais l'étiquette d'extrême droite. "Je suis économiquement de droite, socialement de gauche, politiquement de France", affirme-t-il. Mais seul Bruno Mégret et son petit parti, le Mouvement national républicain (MNR), ont pour l'instant répondu à la "main tendue" par le leader du FN et il a été décidé que l'ex-lieutenant "félon" ferait une campagne séparée. Le MNR a fait savoir que des cadres du parti et "normalement Bruno Mégret" comptaient assister au meeting final de la Convention de Lille. "Il s'agit d'une simple présence, ce qui paraît normal puisque nous sommes les seuls pour le moment à soutenir Jean-Marie Le Pen dans le cadre de l'Union patriotique", a dit un porte-parole. Mais Marine Le Pen s'est étonnée de la venue annoncée de Bruno Mégret. "Je pense qu'il doit y avoir un malentendu. Le bureau de campagne avait envisagé de l'inviter au meeting de Lyon mais pas à Lille", a-t-elle dit. Un porte-parole de Bruno Mégret a répondu que le dirigeant du MNR pourrait renoncer à se rendre dans le Nord si Jean-Marie Le Pen le lui demandait. Convaincu de pouvoir améliorer son score dans les banlieues, Jean-Marie Le Pen multiplie depuis quelques mois les signes en direction des Français issus de l'immigration. Il affirme avoir "évolué" par rapport à ses "positions de jeunesse", même s'il s'estime assez fidèle à sa ligne politique. Après son appel de Valmy à l'automne dernier, le président du FN s'est rapproché de l'humoriste Dieudonné et a reçu la semaine dernière au siège du FN le rappeur noir Rost. Il s'est également rendu le 16 février au cimetière chinois de Noyelles-sur-Mer (Somme) où sont enterrés 838 "coolies" recrutés par l'armée britannique entre 1917 et 1919. Pour Marine Le Pen, cette démarche commence à porter ses fruits dans les banlieues. "Il semblerait qu'un certain nombre de gens soient passés au-delà du 'prêt-à-penser' et, aujourd'hui, s'interrogent très lucidement et même adhèrent aux propositions du Front", dit-elle.