Samedi soir, Yann Moix était l’invité de Laurent Ruquier, lors de l’émission "On n’est pas couché", sur France 2.
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L’écrivain était l’invité d’"On n’est pas couché", samedi soir sur France 2. Et pour les invités de Culture-médias, sur Europe 1, plusieurs éléments ont posé problème lors de cette émission.

Le feuilleton Yann Moix continue. Samedi soir, l’écrivain était l’invité de Laurent Ruquier, lors de l’émission "On n’est pas couché", sur France 2. Yann Moix réagissait aux polémiques entourant son ouvrage Orléans, dans lequel il accuse son père de maltraitance, mais aussi à la révélation de ses textes et dessins de jeunesse à caractère antisémite. Et pour Laurent Telo, journaliste au Monde et Jérôme Dupuis, Grand reporter à l’Express, on a assisté à "une forme de manipulation" lors de cette émission. Ces deux fins connaisseurs du "dossier Moix", auteurs de plusieurs révélations au sujet de l’écrivain, étaient lundi les invités de Culture médias, sur Europe 1.

"Il n'y avait aucune contradiction dans cette émission"

Lors de l’émission, Yann Moix a notamment demandé une nouvelle fois pardon au sujet de ces dessins de jeunesse. Pour rappel, il s’agit d’un ensemble de textes et de dessins antisémites et négationnistes parus dans un magazine artisanal dans les années 89-90, quand l'écrivain avait 21 ans, et révélés la semaine dernière par l'Express. Les juifs y sont dessinés en train de faire de la guitare devant des fours crématoires ou se masturbant devant des cadavres, et l’existence des chambres à gaz y est remise en cause. Sur France 2, Yann Moix a tenu une nouvelle fois à "demander pardon". "Le jeune homme que j'étais à l’époque, je ne lui aurais pas serré la main aujourd'hui", a-t-il assuré.

Pour Jérôme Dupuis, Yann Moix "a tout à fait le droit de demander pardon pour une erreur de jeunesse". "Le problème, c'est que l’émission ne donnait pas les éléments pour lui donner le pardon. On a assisté à une forme de manipulation sur le plateau de Laurent Ruquier", ajoute le journaliste de L’Express. "Il n'y avait aucune contradiction dans cette émission", déplore-t-il encore.

Idem pour Laurent Telo, qui attendait qu’à "un moment de l’émission, on puisse le mettre un peu en difficulté". "Ce qui ne se produira jamais, à aucun moment", martèle le journaliste du Monde, qui souligne tout de même l’intervention de la chroniqueuse Adele Van Reeth, qui a constaté que les propos de Yann Moix ne permettaient pas de départager le vrai du faux dans les différentes polémiques.

"Le tapis rouge à Yann Moix du début à la fin"

"Laurent Ruquier a indiqué dans l’émission que ‘nous ne sommes pas au tribunal’. Il a raison. Mais on n’est pas non plus au Festival de Cannes où il fallait dérouler le tapis rouge à Yann Moix du début à la fin", tacle Laurent Telo. "À deux reprises, il a été interrogé sur ses liens avec Paul Eric Blanru (essayiste controversé connu pour sa défense de personnalités négationnistes, ndlr). Il n’a jamais répondu et n’a pas été relancé", pointe par exemple le journaliste du Monde.

Autre "problème" soulevé par Jérôme Dupuy : l’emploi du terme "BD" au sujet des écrits antisémites du jeune Yann Moix. "En une heure, il a été employé 19 fois. En politique, on appelle ça un élément de langage. Or, sur les 100 pages de documents, il y a cinq pages de BD. Le reste, ce sont des caricatures. Et à aucun moment, on a parlé des textes. C'est quand même un problème".

"Laurent Ruquier a quasiment interrogé son salarié"

Le Grand reporter à l’Express rappelle par ailleurs que Yann Moix a été, durant trois ans, "le sniper de l’émission". En outre, l’écrivain anime sur Paris Première l’émission "Chez Moix", produite par… Catherine Barma, également productrice de l’émission de Laurent Ruquier. "Psychologiquement, il est chez lui. […] Laurent Ruquier a quasiment interrogé son salarié. C'est tout de même incroyable", estime Jérôme Dupuy.

Dans Le Monde, Laurent Telo révèle qu’une réunion de crise s’est tenue peu avant l’émission au siège de France télévisions. "Elle s'est déroulée autour du numéro 2 de France TV. Elle a tourné assez court", raconte le journaliste sur Europe 1. La chaîne a en effet un lien contractuel avec la production de l’émission, stipulant qu’elle n'a pas de droit de regard sur les invités. "Le bras de fer aurait pu avoir lieu mais ils ont choisi de faire porter la responsabilité du choix des invités à la productrice. La chaîne a cédé", explique Laurent Telo.

Comme le révèle Europe 1, la chaîne va par ailleurs devoir diffuser un droit de réponse du frère de Yann Moix, Alexandre Moix. L'écrivain a soupçonné samedi sur le plateau d'ONPC son frère d'être proche de l'extrême droite et d'être à l'origine de la fuite des dessins antisémites. Pour plus d'infos à ce sujet, lire notre article par ici