Ukraine : LCP plonge dans le quotidien des photographes de guerre

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Louise Bernard
Le documentaire suit le photojournaliste français multirécompensé Eric Bouvet. Huit ans après avoir couvert la révolution de Maïdan, il est revenu en Ukraine début mars 2022, à la recherche de Vasyl Galamai, un insurgé de l’époque. Il fait alors partie des 2.000 photographes présents sur place, couvrant le conflit. Il explique à Europe 1 sa vision de son métier et sa manière de travailler. 

LCP a filmé et interviewé quatre photographes qui travaillent en Ukraine pour la presse ou en freelance. Ces derniers documentent la guerre et suivent les civils dans ce moment historique. Eric Bouvet a plus de 40 ans de métier derrière lui. Il a couvert plusieurs guerres et obtenu de prestigieuses récompenses. C’est lui que la caméra suit majoritairement sur place. Notamment dans une gare où les familles ukrainiennes tentent de fuir.

Des scènes déchirantes immortalisées

Les femmes et les enfants embarquent comme ils peuvent dans les trains, laissant les hommes sur le quai. Eric Bouvet assiste, non sans émotion, à ces scènes déchirantes, qu’il immortalise avec son appareil. Ce que montre bien ce documentaire, c’est la difficulté de leur métier. Des difficultés à travailler parmi les très nombreux journalistes présents sur place, plus de 2.000. 

Mais aussi des difficultés financières car il faut partir à ses frais, tout payer soi-même sur place avant d’espérer avoir une commande pour la presse. Et puis il y a aussi la difficulté à couvrir le conflit comme ils aimeraient. Ils ne peuvent pas être au plus près des combats. "On s'imagine que les photographes qui couvrent les conflits courent tous les jours sous les bombes et évitent des balles mais ce n'est pas vraiment ça", explique-t-il sur Europe 1. "La plupart du temps, nous sommes confrontés aux problèmes des civils car le front est toujours très difficile à accéder car la guerre est sale. Et aucun des deux côtés ne veut montrer ce qui s'y passe. Ils ont évidemment des blessés et des morts et ils ne veulent jamais le montrer pour garder le moral des troupes et des civils". 

Capturer les moments en respectant la dignité 

À défaut de photographier le front, les photographes sont donc auprès des civils. Mais "comment capturer ces moments tout en respectant leur dignité", disait Eric Bouvet. Une des photographes, Chloé Sharock, a par exemple choisi de ne jamais capturer les visages. Eric Bouvet, lui, explique qu'il se censure parfois. "J'ai plus loupé d'images dans ma vie que je n'en ai faites de bonnes. Je me suis très souvent censuré car les scènes étaient horribles et je me suis dit que c'était inhumain de jeter ça en pâture aux gens comme ça. C'était une erreur. Parce que ces photos qui étaient très dures, j'aurais dû les faire, ne pas les sortir sur le moment. Mais qu'elles existent cinq ans, dix ans plus tard. Si les Américains n'avaient pas voulu photographier les camps de concentration, on dirait aujourd'hui que ça n'existe pas". 

Le documentaire Ukraine, Des photographes dans la guerre, est diffusé mardi soir à 20h30 sur LCP. Il a été réalisé par Julien Boluen et Frédéric Decossas. Il sera suivi d’un débat animé par Jean-Pierre Gratien. Si vous voulez soutenir le travail d’Eric Bouvet, vous pouvez acheter le journal qu’il a créé avec ses photos. Il est disponible sur son site internet, ericbouvet.com