Déjà en avril dernier, Europe 1 avait souligné la qualité du documentaire Tuer sans vouloir diffusé dans l'émission Le monde en face. Les auteurs avaient mis en lumière des paroles rares, dont la télévision se fait peu le témoin. C'est à nouveau un précieux documentaire que diffuse mercredi soir France 5 à 20h55 dans l'émission, avec La vie après le suicide d'un proche. Katia Chapoutier, dont la sœur s'est suicidée, est partie à la rencontre de personnes ayant elles aussi perdu un proche et les a également réunies pour un week-end. Un documentaire touchant et poignant.
Ils s'appellent Elisabeth, Eric, Sima, Gilles ou encore Anne-Cécile et ont tous perdu un proche qui a décidé de se donner la mort. Face caméra, ils évoquent leur histoire et leur deuil. Le documentaire s'organise de manière chronologique. Ces familles revivent, de manière indirecte, le chemin parcouru depuis le drame. Il y a donc d'abord le récit du jour où tout a basculé, lorsqu'ils ont perdu un frère, une fille ou un compagnon. Ainsi, quand Elisabeth découvre sa fille pendue dans le placard de sa chambre, cette mère de famille pousse un cri, "un hurlement que je serais incapable de refaire", confie-t-elle. Difficile de rester insensible face à ces témoignages, tous très poignants et, à coup sûr, le passage le plus dur dans le documentaire.
Pour ces proches, vient ensuite évidemment le temps des questions - "pourquoi s'est-il tué, pourquoi comme ça" - puis celui de la culpabilité, nourri de ses "et si" constants. La vie après le suicide d'un proche est un espace de libération pour ses intervenants, dont la parole participe à leur reconstruction. Pour le téléspectateur, c'est une manière d'appréhender le suicide autrement que par les chiffres, en posant des parcours et des visages sur un drame sociétal (près de 10.000 suicides en France chaque année). La grande force de La vie après le suicide d'un proche, c'est de montrer que si chaque deuil est unique et chaque histoire différente, il y a tout de même des étapes de reconstruction et de douleur communes à tous. Se faisant, c'est l'isolement des proches de victime qui est combattu au travers du reportage. Précieux allié pour une bataille si compliquée.