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A.H. , modifié à
Très remonté après les nombreuses critiques d'éditorialistes sur la forme choisie pour mener son interview d'Emmanuel Macron, le fondateur de Mediapart Edwy Plenel se défend et les appelle à s'attarder davantage sur le fond.
INTERVIEW

"Faire-valoir" malgré lui d'Emmanuel Macron, "pamphlétiste", "policier", "juge", "inquisiteur qui veut toujours des têtes au bout d'une pique"… Après l'interview présidentielle conjointe de BFMTV et Mediapart, dimanche, les éditorialistes et commentateurs politiques ont été nombreux à critiquer la forme de cet entretien, mené par Jean-Jacques Bourdin et Edwy Plenel.

Invité de Village Médias sur Europe 1 mercredi, ce dernier leur a vivement répondu, estimant ne pas avoir de leçons de journalisme à recevoir de ceux qu'ils considèrent comme des "brosses à reluire des puissants".

"Qu'ils fassent le vrai travail de checknews". "Je suis journaliste depuis 42 ans et j’ai sorti beaucoup plus d’informations que Madame Catherine Nay ou que quelconque commentateur ou éditorialiste qui font la brosse à reluire des puissants, quels qu’ils soient. Donc qu’ils aillent se rhabiller ! En revanche, qu’ils fassent leur boulot, qu’ils regardent ce qu’a dit Emmanuel Macron, et qu’ils fassent le vrai travail de checknews", a soutenu le fondateur de Mediapart. Edwy Plenel répondait notamment à la charge de l'éditorialiste d'Europe 1 Catherine Nay, que vous pouvez réécouter ci-dessous :

"Je bouscule un certain journalisme de cour". Droit dans ses bottes, Edwy Plenel persiste et signe : "Moi, je bouscule un certain journalisme de gouvernement, un journalisme de cour, un journalisme qui est dans la révérence avec le pouvoir. J’ai toujours fait ça, je ne vais pas changer". Choqué par "ces 48 heures de commentaires sur la forme", le journaliste s'alarme de ne pas voir dans la presse "d’analyses sur le fond" de la parole présidentielle. "Le vrai travail journalistique, ce n’est pas de savoir si j’avais besoin d’avoir une cravate, ou de dire 'Monsieur le Président', ou si je suis un gauchiste ou un journaliste", s'agace-t-il. 

"La fermeture" du chef de l'Etat. Edwy Plenel et son associé d'un soir, Jean-Jacques Bourdin, partageaient cette ambition : dépoussiérer le genre. "Je voulais aussi casser les codes de ces interviews présidentielles soporifiques" où "on donne la main à la com’", précise le journaliste. Selon lui, ce n'est pas dans cet exercice que l'on peut obtenir la moindre information. "En revanche, ce que ça peut révéler, c’est ce que les gens ont dans le ventre. Et en l’occurrence, ça a révélé profondément quelque chose sur ce qu’est aujourd’hui la présidence d’Emmanuel Macron (…) J’ai été très surpris de ce que ça a montré de clôture, de fermeture chez lui. Dès le démarrage de cet entretien, il montre qu’il n’est pas disposé à bouger d’un iota.  L’événement de cet entretien, ce n'est pas la forme, c’est le fond", analyse-t-il. 

Emmanuel Macron "ne parle qu'aux convaincus". Edwy Plenel aime montrer qu'il dénote dans un paysage médiatique policé, et se décrit non pas comme un intervieweur, mais comme "le représentant d’une collectivité de journalistes". Un an après le long entretien de Mediapart avec Emmanuel Macron, à deux jours du second tour de l'élection présidentielle, Edwy Plenel voulait porter la voix "des gens qui disent 'Vous vous êtes foutus de nous. Vous avez considéré que c’était un chèque en blanc, que vous pouviez faire tout ce que vous voulez, que vous pouviez passer en force, sans tenir compte de la diversité des votes'", explique-t-il au micro de Philippe Vandel. Mais selon le journaliste, le chef de l'Etat "ne parle à personne d’autre qu’aux convaincus". 

>> Réécoutez l'interview d'Edwy Plenel en intégralité ci-dessous :