Quand Les Infiltrés deviennent indics

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Un journaliste a donné des informations à la police qui ont conduit à l'arrestation de 23 personnes.

Les Infiltrés, l'émission d'investigation de France 2 produite par l'agence CAPA, fait une nouvelle fois parler d'elle avant sa diffusion. 23 personnes, présentées comme pédophiles, ont été arrêtées grâce aux informations transmises par un journaliste qui enquêtait sur les réseaux pédo-pornographiques. Ces arrestations, en France et au Québec, interviennent quelques jours après la polémique sur une descente de police à Tremblay-en-France juste avant la diffusion d'un reportage sur TF1.

Pour l'enquête, les journalistes de l'agence se sont fait passer, pendant un an, sur internet pour une fillette de 12 ans. Laurent Richard, rédacteur en chef de l'émission chez CAPA, a ensuite lui-même contacté la police pour lui transmettre les informations qu'il avait collectées lors de son investigation. "Quand on est destinataire d'informations qui peuvent empêcher des tentatives de corruption sur des mineurs ou des viols d'enfants, c'est normal qu'on signale les cas à la police", a-t-il expliqué au magazine Télé 2 semaines.

"J'ai fait ce que tout citoyen doit faire"

"On n'est pas dans une fiction, j'ai vu les images, j'ai vu ce qu'ils faisaient. Les empêcher d'agir, c'est une bonne chose, j'ai fait ce que tout citoyen français doit faire. J'aurais été plus mal à l'aise de ne rien faire. Ce sont des faits d'une gravité absolue, il n'y a pas à tergiverser", justifie-t-il encore.

Pour l'agence CAPA, ne pas informer la police les rendait coupable de "non assistance à personne en danger" et "complicité". Elle s'appuie sur un article du Code pénal qui punit de 45.000 euros d'amende et trois ans d'emprisonnement toute personne "ayant eu connaissance de privations, de mauvais traitements ou d'atteintes sexuelles infligés à un mineur de quinze ans".

"Un journaliste n'est pas un justicier"

L'avocat spécialiste des médias, Richard Malka, s'est insurgé sur Europe 1 de ces pratiques. "On ne peut pas, au nom de ses propres critères moraux, et ils sont différents pour chacun de nous, dénoncer que telle personne doit être dénoncée et pas telle autre", a-t-il dit.

Pour Me Malka, "un journaliste n'est ni un policier, ni un juge, ni un justicier, ni un indic" :

La saison dernière, pour la même émission CAPA avait réalisé une enquête dans une maison de retraite pour dénoncer les maltraitances sur les personnes âgées. L'établissement en question avait été fermé dès le lendemain de la diffusion.

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