Zoé Valdés : François Hollande "n'aurait pas dû" aller à Cuba

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L'écrivain cubain vit en France depuis de nombreuses années. © FRANCOIS GUILLOT / AFP
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La romancière cubaine ne comprend pas que François Hollande se soit rendu à Cuba et appelle à la "levée de l'embargo castriste".
INTERVIEW

"C'est trop dur". Zoé Valdès vit en France, mais son cœur bat toujours pour son pays d'origine, Cuba. Elle n'est donc pas insensible à la visite que rend lundi François Hollande sur l'île dirigée par Raul Castro. Au micro d'Europe 1, l'écrivaine fait part de toute sa surprise : "C'est un pays qui est dirigé par un régime militaire, donc la visite de François Hollande est surprenante. Je crois que Hollande est un président de la République et de la liberté. Il n'aurait donc pas dû y aller, c'est trop dur pour ceux qui aiment la liberté et la république." 

"Raul Castro ne comprendra pas le symbole". Au cours de sa visite, François Hollande remettra un stylo, symbole d'une liberté d'expression limitée sur l'île, au chef d'Etat cubain. Pas suffisant pour Zoé Valdés : "Je ne pense pas que Raul Castro comprenne le symbole du stylo. Ce n'est pas un écrivain ! Et sous son régime, vous ne pouvez pas crier ce que vous voulez dans la rue, sinon vous allez en prison. Il y a encore pas mal de journalistes et d'écrivains en prison aujourd'hui. Je pense que Raul Castro va s'en foutre, il va rigoler comme il l'a fait avec le Pape (lors de la visite du Saint Père à Cuba, NDLR). C'est quelqu'un qui aime se moquer des symboles."

"Lever l'embargo de la dictature". Interrogée sur l'appel lancé à Washington par le chef d'Etat français pour lever l'embargo sur Cuba, Zoé Valdés se montre là aussi peu réceptive. Et pour cause, pour elle, il y a d'autres priorités plus pressantes : "Il faut d'abord lever l'embargo castriste qui frappe le pays depuis 56 ans. Il ne faut pas oublier que Cuba est une dictature. Il y a beaucoup de morts et beaucoup de sang dans ce pays. Est-ce qu'on demande aux Espagnols, aux Chiliens, aux Argentins ou aux Juifs d'oublier ? Non, alors pourquoi devrait-on oublier tout ce qu'on nous a imposé", conclut, amère, Zoé Valdés.