Venezuela : après de nouvelles violences, Nicolas Maduro déploie l'armée dans l'Ouest

Venezuela, Tachira, pillage crédit : GEORGE CASTELLANOS / AFP - 1280
Des dizaines de commerces ont été saccagés et deux commissariats incendiés à Tachira. © GEORGE CASTELLANOS / AFP
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avec AFP , modifié à
Des dizaines de commerces avaient été saccagés et deux commissariats incendiés dans l'État de Tachira.

Le président vénézuélien Nicolas Maduro a commencé à envoyer 2.600 militaires dans l'État de Tachira, dans l'ouest du pays, après des pillages et des attaques, alors qu'il est confronté depuis début avril à une vague de manifestations ayant fait un 43ème mort. "J'ai ordonné le transfert de 2.000 soldats et 600 agents des opérations spéciales", a déclaré mercredi le ministre de la Défense Vladimir Padrino Lopez à la télévision d'État VTV, précisant agir à la demande du président socialiste. Des dizaines de commerces ont été saccagés et deux commissariats incendiés à Tachira en début de semaine. Nicolas Maduro a accusé mercredi des "paramilitaires" d'avoir voulu attaquer une unité militaire dans la ville de La Grita.

Des actions "subversives". Des troubles agitent aussi d'autres régions du pays sud-américain. À l'est de Caracas, à San Antonio Los Altos, des barricades ont été montées par des manifestants encagoulés. "Nous ne pouvons pas parler de manifestations. Il s'agit d'actions subversives (...) qui virent déjà à l'insurrection armée", a accusé le général Padrino Lopez. "L'idée est de transformer le Venezuela en une Syrie et (l'État de) Tachira en un Alep", a-t-il ajouté, mais "nous n'allons pas permettre que la patrie verse dans le chaos".

Une crise sans précédent. Le Venezuela est secoué depuis le 1er avril par une vague de manifestations et de violences dont le bilan s'alourdit chaque jour. La colère populaire est alimentée par la profonde crise économique et sociale dans ce pays pétrolier, ruiné par la chute des cours du brut et frappé par une forte pénurie d'aliments et médicaments, l'inflation la plus élevée au monde et une criminalité devenue incontrôlable. Déterminée à obtenir le départ du président via des élections générales anticipées, l'opposition, majoritaire au Parlement depuis fin 2015, ne faiblit pas et mobilise chaque jour des milliers de personnes. 

Nouveaux appels à manifester. À la lueur de bougies, lampes de poche et smartphones, des milliers d'opposants se sont réunis dans la soirée à Caracas, en mémoire des 43 victimes des précédents rassemblements, qui ont fait aussi des centaines de blessés. Selon l'ONG Foro Penal, 159 manifestants arrêtés ont été incarcérés sur décision de tribunaux militaires, procédé pourtant interdit par la Constitution. L'opposition appelle encore à manifester jeudi, en direction du ministère de l'Intérieur à Caracas, puis à des défilés dans tout le pays samedi.

Des inquiétudes dans la communauté internationale. La dégradation de la situation au Venezuela continue d'inquiéter la communauté internationale. Mercredi, le Conseil de sécurité de l'ONU a abordé le sujet pour la première fois, à la demande de Washington. Durant la réunion, les États-Unis ont mis en garde les Nations unies contre le risque que cette crise ne dégénère en un conflit d'envergure, similaire à la situation en Syrie ou au Soudan du Sud.