Union Européenne : le pape François déplore une "stérilité dramatique"

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avec AFP
Le pape a donné sa vision de l'Union européenne devant un congrès réunissant responsables politiques et évêques des 28 pays membres, au Vatican.

Le pape François avait déjà égratigné l'Union Européenne en 2014, considérant qu'elle était trop "repliée sur elle-même", allant jusqu'à la comparer à "une grand-mère fatiguée". Le premier pontife non-européen a cette fois-ci déploré la "stérilité dramatique" du Vieux-Continent, au cours d'une allocution samedi devant un congrès réunissant 350 responsables politiques et évêques des 28 pays membres de l’Union européenne au Vatican. Sur le thème "repenser l'Europe", ce congrès se concentre sur la contribution chrétienne à l'avenir du projet européen. 

Une natalité trop faible. Dans son allocution, le pape François a appelé à continuer à construire l'Union Européenne autour de cinq piliers: le dialogue, l’inclusion, la solidarité, le développement et la paix. Mais les premiers mots du pontife ont été pour dénoncer la "trahison" des idéaux qui, selon lui, ont fait la grandeur de l'Europe. "Au rejet de ce qui provenait des pères a ainsi succédé le temps d'une stérilité dramatique. Non seulement parce qu'en Europe, on fait peu d'enfants (...), et que ceux qui ont été privés du droit de naître sont trop nombreux, mais aussi parce qu'elle s'est découverte incapable de transmettre aux jeunes les instruments matériels et culturels pour affronter l'avenir". 

Les chrétiens "sont appelés à redonner une âme à l'Europe". Le pape François a également évoqué la responsabilité des chrétiens au sein d'une Europe  qui a, du fait "d'un certain préjugé laïciste", relégué la religion "à une sphère purement privée et sentimentale". Pour lui, les chrétiens "sont appelés à redonner une âme à l'Europe, à réveiller sa conscience, non pas pour occuper les espaces, mais pour encourager les processus qui génèrent de nouveaux dynamismes". Le pontife a tenu à rappeler à l'Union européenne qu'elle est "faite de personnes" et pas seulement "un ensemble de nombres ou d'institutions". Il n'y a pas les citoyens, il y a les suffrages. Il n'y a pas les migrants, il y a les quotas. Il n'y a pas les travailleurs, il y a les indicateurs économiques. Il n'y a pas les pauvres, il y a les seuils de pauvreté. Le caractère concret de la personne humaine est ainsi réduit à un principe abstrait, plus commode", a-t-il dénoncé. 

"Ce n'est pas le moment de construire des tranchées". La question des migrants a elle aussi été abordée par le pape qui a reconnu la nécessité d'une gestion "prudente" qui nécessite "un cœur ouvert" mais aussi "la possibilité d'intégrer pleinement" les nouveaux arrivants. Et ces derniers ont le devoir "de connaître, de respecter et d'assimiler aussi la culture ainsi que les traditions de la nation qui les accueille", a estimé François. Enfin, le pape a appelé les chrétiens à faire preuve de "créativité" pour que l'Europe maintienne la "promesse de paix" voulue par ses pères fondateurs. "Si l'on se retranche derrière ses propres positions, on finit par succomber" à expliqué le pape, faisant ainsi le parallèle avec la commémoration du centenaire d'une des plus lourdes défaites italiennes de la Première guerre, la bataille de Caporetto. "Ce n'est donc pas le moment de construire des tranchées" a-t-il lancé.