Un Néerlandais détenu par une organisation islamiste depuis 2012 tué aux Philippines

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L'ornithologue Ewold Horn était l'otage du groupe islamiste depuis 2012. © STRINGER / TAWI-TAWI POLICE / AFP
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avec AFP
Détenu par Abou Sayyaf, cet ornithologue a péri vendredi lors d'une fusillade entre ses ravisseurs et des militaires.

Un ornithologue néerlandais qui était détenu depuis 2012 par l'organisation islamiste Abou Sayyaf a péri vendredi lors d'une fusillade entre ses ravisseurs et des militaires dans le sud des Philippines, a annoncé l'armée. Le ministère néerlandais des Affaires étrangères a confirmé que le Néerlandais Ewold Horn, 59 ans, était mort vendredi "lors d'un échange de tirs", ajoutant enquêter "sur les circonstances précises" du décès. 

Tué par l'un de ses ravisseurs, selon les autorités philippines

Le général philippin Divino Rey Pabayo a affirmé qu'Ewold Horn avait été mortellement blessé par un de ses ravisseurs alors qu'il tentait de prendre la fuite pendant cet échange de coups de feu qui a duré une heure et demie sur l'île de Jolo, bastion du mouvement Abou Sayyaf. "Horn a été touché par un de ses gardes alors qu'il essayait de s'enfuir pendant la fusillade de ce matin", a-t-il dit dans un communiqué. Cette version des événements n'a pas pu être vérifiée dans l'immédiat.

 

"Je suis sous le choc de cette issue tragique", a déclaré le ministre néerlandais des Affaires étrangères Stef Blok à l'agence de presse ANP. "Je suis en contact avec la famille. Je vais demander à mes collègues philippins des clarifications sur les circonstances de la mort d'Ewold." Ewold Horn effectuait avec le Suisse Lorenzo Vinciguerra en février 2012 une expédition pour photographier des oiseaux rares sur l'archipel isolé de Tawi-Tawi, près de l'île de Jolo, dans le sud des Philippines, lorsqu'ils avaient été enlevés par des hommes armés inconnus puis livrés au groupe Abou Sayyaf. Lorenzo Vinciguerra était parvenu à échapper à ses ravisseurs en décembre 2014 pendant des combats sur Jolo avant d'être recueilli par les soldats.

Abou Sayyaf, un groupe ultraviolent qui n'hésite pas à tuer

Abou Sayyaf est une ramification extrémiste de l'insurrection séparatiste musulmane qui a fait plus de 100.000 morts depuis les années 1970 dans ce pays d'Asie du Sud-Est composé à très grande majorité de catholiques fervents. Considéré comme une organisation terroriste par Washington, le groupe a été fondé au début des années 1990 avec des financements du réseau Al-Qaïda et a prêté allégeance à l'organisation Etat islamique (EI). Basé dans les îles reculées du sud des Philippines où la majorité des habitants sont musulmans, Abou Sayyaf a extorqué des millions de dollars de rançon et les analystes jugent qu'il s'agit plus d'un groupe crapuleux que d'un mouvement idéologique. 

Ce mouvement n'a pas hésité à tuer ses captifs s'il n'obtenait pas ce qu'il demandait. En 2017, Abou Sayyaf avait décapité l'Allemand Jurgen Kantner, 70 ans, faute d'avoir obtenu le paiement d'environ 600.000 dollars. Il avait été enlevé à bord de son yacht. Deux otages canadiens enlevés dans une marina sur une île touristique avaient subi l'année précédente le même sort. Là encore, l'argent n'avait pas été versé. Le gouvernement philippin avait reconnu en 2017 qu'Abou Sayyaf était équipé de vedettes ultra-rapides leur permettant d'aller enlever des gens très loin de leur base, des bateaux que les embarcations de la marine et des gardes-côtes philippins étaient incapables de rattraper.