Troubles en Iran : "La classe moyenne fait encore confiance à Rohani"

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A.H. , modifié à
La tension monte en Iran où la répression a déjà fait une vingtaine de morts depuis le début des manifestations, il y a six jours. 
INTERVIEW

Tout est parti d'une contestation économique, qui s'est rapidement muée en contestation politique. Depuis près d'une semaine, l'Iran connaît une vague de manifestations, dont certaines ont pris un tour violent. Une vingtaine de personnes ont trouvé la mort, au total. De l'étranger, cette colère exprimée dans la rue, huit mois seulement après l'élection présidentielle qui a vu Hassan Rohani confirmé dans ses fonctions de chef de l'Etat, certains prédisent déjà la levée d'un nouveau Printemps arabe. Mais selon Thierry Coville, chercheur à l'IRIS et spécialiste de l'Iran, "la comparaison ne tient pas", en termes de mobilisation, et de perspective politique.

Quelle issue pour le mouvement ? "Plusieurs scénarios sont possibles, dans les jours à venir. Le gouvernement iranien sait réprimer, il l'a déjà fait en 2009", lors du soulèvement d'ampleur après la réélection contestée du président Mahmoud Ahmadinejad, indique Thierry Coville, invité d'Europe 1 Bonjour mercredi. "Il y avait 3 millions de personnes dans la rue, et ce sont eux qui ont décidé d'arrêter car ils voyaient bien qu'il n'y avait pas d'issue", précise le spécialiste.

Pour Thierry Coville, seule l'implication massive de la classe moyenne - agacée d'entendre le gouvernement iranien lui répéter que la croissance est repartie, mais qui n'en voit pas la traduction dans sa vie quotidienne - pourrait faire basculer ce mouvement. D'autant que depuis sa réélection, Hassan Rohani a opté pour un programme d'austérité, et veut par exemple augmenter le prix de l'essence. Mais pour l'heure, "la classe moyenne dans les villes en Iran préfère aller voter. Jusqu'à quand ? Je ne sais pas. Mais c'est là où Rohani sent le danger, s'il ne donne pas une perspective à son action. Pour l'instant, la classe moyenne iranienne lui fait encore confiance", avance le chercheur. "Il faut qu'il donne une perspective politique aux Iraniens".