Syrie : des ONG mettent en garde contre un retour forcé des réfugiés

Des ONG s'inquiètent de voir les pays européens envisager sérieusement le renvoi des réfugiés syriens dans leur pays (image d'illustration)
Des ONG s'inquiètent de voir les pays européens envisager sérieusement le renvoi des réfugiés syriens dans leur pays (image d'illustration) © STEPHANE DE SAKUTIN / AFP
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avec AFP , modifié à
Dans un rapport intitulé "Terrain dangereux", des organisations humanitaires ont mis en garde les pays accueillant des réfugiés syriens contre leur retour forcé alors que la situation en Syrie n'est pas pacifiée.

Plusieurs organisations humanitaires ont mis en garde lundi les pays accueillant des réfugiés syriens au Moyen-Orient et en Occident contre le retour forcé de ces derniers en Syrie, voire même la discussion de mesures en ce sens. Dans un rapport, elles déplorent une tendance alarmante en faveur des expulsions.

Le retour de plus en plus envisagé. "Des centaines de milliers de réfugiés risquent d'être poussées à retourner en Syrie en 2018, en dépit de la poursuite des violences", ont indiqué les organisations, dont le Conseil norvégien pour les réfugiés (CNR) et CARE International.  Le rapport, intitulé Terrain dangereux, souligne que les mesures visant à renvoyer les réfugiés dans leur pays occupent désormais une place de plus en plus importante dans les perspectives des pays hôtes.

"Alors que la situation militaire changeait en Syrie, et que le contexte se prêtait davantage à une rhétorique et des politiques anti-réfugiés à travers le monde, les gouvernements ont commencé en 2017 à envisager ouvertement le retour des réfugiés dans leur pays", souligne le rapport.

Plusieurs millions de Syriens ont fui leurs maisons. Le nombre de réfugiés retournés en Syrie - qui a été ravagée par un conflit ayant fait au moins 340.000 morts depuis 2011 - s'est élevé à 721.000 en 2017, contre 560.000 l'année précédente. Selon le même rapport, trois fois plus de Syriens ont été forcés à fuir leurs maisons l'an dernier, tandis que 1,5 million de personnes supplémentaires devraient être déplacées en 2018.

"Un retour ne serait ni sûr ni volontaire". "À l'heure actuelle, pour la grande majorité des Syriens ayant fui la guerre et la violence, un retour ne serait ni sûr ni volontaire", a déclaré le secrétaire général du CNR, Jan Egeland. "Des hôpitaux et des écoles sont visés" et des gens meurent "même dans certaines zones dites de désescalade", a-t-il ajouté en allusion aux régions ayant fait l'objet en 2017 de plusieurs accords de trêve entre les différents acteurs du conflit.

Des mesures vers des retours forcés ? Les ONG ont ainsi fait part de leur inquiétude quant aux mesures en cours de discussion en Europe, y compris au Danemark et en Allemagne, qui pourraient conduire à des retours forcés. Les pays riches ont accueilli seulement 3% des réfugiés syriens, la majorité ayant trouvé refuge dans les pays voisins de la Syrie, la Turquie, le Liban et la Jordanie. Dans ces pays, "la pression pour le retour des réfugiés s'est manifestée par la fermeture des frontières, des expulsions et des retours forcés", indique le rapport. 

Aucun retour d'enfant avant que la situation chez lui "ne soit sûre". Une responsable au sein de "Save the Children", Helle Thorning-Schmidt, dont l'ONG a participé à la rédaction du rapport, a mis en garde contre les risques d'un retour forcé des enfants.  "Aucun enfant ne devrait avoir à rentrer chez lui avant que [la situation] ne soit sûre", a-t-elle indiqué.