Soupçons de pédophilie au Burkina : la mère d'une fillette témoigne

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Aude Vernuccio avec Julien Ricotta , modifié à
La mère d'une des fillettes a témoigné en exclusivité pour Europe 1. Elle ne comprend pas la remise en liberté d'un des deux militaires français soupçonnés d'agression sexuelle.

A la fin du mois de juin, deux soldats ont été soupçonnés d'attouchements sexuels sur deux fillettes dans un hôtel de Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso. L'affaire concerne deux membres des forces spéciales, des parachutistes selon nos informations, qui participaient à l'opération antiterroriste "Barkhane", au Sahel. Aucune charge n'a été retenue pour l'un des deux militaires. Le deuxième soldat, âgé de 38 ans a lui été mis en examen début juillet et laissé libre. Mais la mère d'une des fillettes, une Franco-burkinabée qui souhaite garder l'anonymat, témoigne mardi matin en exclusivité pour Europe 1. Elle ne comprend pas que cet homme ait été remis en liberté.

"Une agression violente". L'incompréhension de cette mère est renforcée par l'existence d'une preuve filmée de ces actes. Elle n'a pas vu les images, car la vidéo est sous scellée, mais son avocate, maître Marie Grimaud, les lui a décrites. Les faits présumés ont eu lieu dans la piscine d'un hôtel de Ouagadougou. "Les vidéos duraient jusqu'à 45 minutes. Alors ce ne sont pas des effleurements, il paraît que ce sont des attouchements des parties génitales, avec parfois des actes d'enlever le maillot de bain des petites. Une agression violente sur mon enfant", se révolte la mère.

"Des preuves irréfutables". Si l'agresseur présumé de sa fille a été mis en examen, il a été laissé libre par le parquet. Une décision que ne comprend pas la mère. "Ce militaire français qui a agressé ma fille dans une piscine à Ouagadougou il y a deux semaines est aujourd'hui en liberté, en France, bien qu'il existe une vidéo accablante et des preuves irréfutables qu'il a commis des actes pédophiles sur deux enfants de 5 ans et 3 ans", déplore-t-elle.

"Pourquoi ? Parce qu'il est militaire ?". "Un juge des libertés a signifié la remise en liberté sans condition, sans contrainte de l'agresseur. Pourquoi ? Parce qu'il est militaire ? Aujourd'hui le résultat c'est quoi : cet agresseur, ce pédophile est en liberté, sans aucune obligation de se présenter ni dans un commissariat ni pour une prise en charge de soins. Ce monsieur a la liberté de voyager s'il le veut. Mais comment c'est possible ? Humainement ce n'est pas possible. Je suis abasourdie", conclut la mère.

"La crainte qu'il quitte le territoire français". La mère de la fillette s'est constituée partie civile jeudi dernier. "Lorsqu'un militaire est mis en examen, pour des faits quelconques de droit commun notamment d'agression sexuelle, le juge n'a que deux choix : soit le placer en détention provisoire, soit le laisser libre", explique l'avocate de la mère, Maître Marie Grimaud. "Cela signifie que lorsqu'un juge estime qu'il n'a pas tous les éléments pour le placer en détention, il n'a d'autres choix que de le relâcher. Il est donc libre de ses mouvements. Ce que craint mon client, c'est que cet individu quitte le territoire français sans que personne ne le sache", soutient Maître Marie Grimaud.