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Blandine Hugonnet et AFP, édité par Manon Fossat , modifié à
Plusieurs responsables siciliens de la santé sont accusés d'avoir trafiqué les chiffres des contaminations au Covid-19 ces derniers mois et d'avoir transmis de fausses données au gouvernement italien. Un leurre qui leur aurait permis de rester sous les radars de l'exécutif, et donc d'éviter des mesures sanitaires strictes. 

Un scandale de falsification des chiffres du Covid frappe de plein fouet la Sicile. Pendant ces cinq derniers mois, les contaminations ont flambé de façon inquiétante mais personne ne l'a jamais su. Et pour cause, les chiffres alarmants ont été volontairement trafiqués par les responsables siciliens de la santé. "Arrangeons un peu les données" des morts sur plusieurs jours, aurait notamment déclaré Ruggero Razza, responsable chargé de la santé sur l'île, à Maria Letizia Di Liberti, elle-même chargée de transmettre à Rome les chiffres de la pandémie, selon des écoutes téléphoniques citées par le quotidien Corriere della Sera.

Accusés d'avoir minimisé le nombre de cas

Les responsables en question sont accusés d'avoir minimisé le nombre de cas ou gonflé le nombre de tests, et donc d'avoir transmis des informations falsifiées à l'Institut supérieur de Santé (ISS), chargé de conseiller le gouvernement central sur les mesures de santé publique. Ces données communiquées à l'ISS ont donc probablement faussé les décisions prises par Rome, qui chaque semaine décide quelles régions sont classées en jaune (risque modéré), orange (risque moyen) et rouge (haut risque), avec les restrictions afférentes. 

Résultat, depuis novembre, l'île italienne a réussi à rester sous les radars du gouvernement et à échapper aux confinements que subissaient les autres régions. L'essentiel de l'Italie est actuellement soumis à de sévères restrictions pour endiguer les contagions dans le cadre de la troisième vague du Covid-19. La pandémie a jusqu'ici fait plus de 108.000 morts dans le pays.

Trois responsables arrêtés

Cette enquête a mené à trois arrestations, mardi en Sicile. Ruggero Razza, quant à lui, vient justement de donner sa démission, continuant de nier toute faute. "Je souhaite réaffirmer qu'en Sicile, l'épidémie a toujours été suivie avec soin (...). Nous n'avions pas besoin de cacher des contagions ou d'abaisser l'impact épidémiologique, puisque justement nous avons souvent anticipé les décisions de Rome et adopté des mesures plus sévères", a-t-il affirmé. Le président de la région Sicile Nello Musumeci (droite), dont Ruggero Razza est le dauphin politique, ne serait en revanche pas impliqué.

La principale confédération syndicale italienne, la CGIL (gauche), a demandé mardi dans un communiqué l'envoi par Rome d'un commissaire pour gérer le secteur de la santé "en raison de la gravité de la situation (...) et pour donner des certitudes et des réponses aux citoyens". "Si nous voulons sortir de la crise sanitaire et relancer le pays et la Sicile, alors il faut un maximum de rigueur et de transparence", assure le syndicat.