Royaume-Uni : les cent plus grands patrons britanniques gagnent 132 fois le salaire annuel moyen

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Les auteurs de l'étude plaident pour une réduction des écarts de rémunération sans attendre la pression des pouvoirs publics. © MONEY SHARMA / AFP
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avec AFP , modifié à
Pour atteindre le salaire annuel moyen des dirigeants des cent plus grandes entreprises, les employés devraient travailler à temps plein pendant 132 ans. 

Les employés britanniques doivent travailler 132 ans pour gagner le montant moyen des rémunérations annuelles des dirigeants des cent plus grandes entreprises du Royaume-Uni, révèle jeudi une étude publiée conjointement par deux organismes de recherche.

132 fois la paye annuelle de travailleurs à temps plein. Selon l'institut économique Chartered Institute of Personnel and Development (CIPD) et le think tank indépendant High Pay Centre, les patrons des groupes du FTSE-100, l'indice de référence de la Bourse de Londres, ont gagné en moyenne 4,5 millions de livres (5,14 millions d'euros) en 2016, ce qui représente 132 fois la paye des travailleurs à temps plein.

Dirigeant britannique le mieux payé, Sir Martin Sorell, à la tête de l'entreprise de publicité WPP, a émargé à 48 millions de livres annuels (53,3 millions d'euros) en 2016 (en baisse de 22 millions). Le directeur général de la compagnie minière Anglo American, Mark Cutifani, a lui bénéficié d'une augmentation de 14%, à quatre millions de livres (4,4 millions d'euros), malgré les accidents qui ont coûté la vie à onze employés et collaborateurs de son groupe l'an dernier.

Une baisse de 17% en un an. La rémunération des grands patrons a néanmoins diminué de 17% par rapport à 2015, rapporte l'étude, qui pointe des écarts importants selon les entreprises. "Nous espérons que ce retournement va marquer le début d'une réflexion sur la façon dont les directeurs généraux sont payés, plutôt qu'une réaction de court terme à des pressions politiques", a déclaré Peter Cheese, le directeur du CIPD, dans un communiqué.

Encore des inégalités femmes-hommes. Le rapport pointe aussi la sur-représentation des hommes dans les fonctions de direction : parmi les directeurs généraux des cent plus grands groupes, on dénombre huit hommes, contre seulement six femmes. Et celles-ci gagnent 45% de moins que leurs homologues masculins (2,6 millions de livres annuels contre 4,7, soit 2,9 millions d'euros contre 5,2 millions d'euros).

Minimiser les écarts de salaires sans attendre. Les auteurs de l'étude pressent les entreprises d'adopter des règles pour minimiser les écarts de rémunération, sans attendre l'action du gouvernement. Ces règles "ne doivent pas être considérées comme des menaces ou des punitions, mais simplement comme un mécanisme pour améliorer l'équité au travail et éviter les effets démotivants d'écarts salariaux injustifiés", estiment-ils.