L'opération turque en Syrie pourrait se poursuivre jusqu'à Rakka

La frontière turque se trouve à une centaine de kilomètres de Raqqa, capitale du groupe Etat islamique.
La frontière turque se trouve à une centaine de kilomètres de Raqqa, capitale du groupe Etat islamique. © BULENT KILIC / AFP
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avec Reuters
Le président turc Recep Erdogan a indiqué dimanche que l'objectif des forces turques engagées en Syrie était de chasser les djihadistes au nord de Raqqa, capitale de l'EI.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré dimanche que l'objectif final de l'intervention militaire turque en Syrie n'était pas seulement de reprendre la ville d'al Bab à l'Etat islamique, mais de chasser les djihadistes de la région frontalière où se trouve Raqqa, la capitale de fait de l'EI. Les rebelles syriens appuyés par les forces turques sont engagés dans une offensive contre al Bab, localité située à une trentaine de kilomètres de la frontière. Cette situation laisse craindre de possibles contentieux avec les forces syriennes qui s'approchent, elles aussi, de la localité à partir d'Alep située plus au sud.

Les troupes ne resteront pas stationnées. "Le but ultime est de nettoyer une zone de 5.000 kilomètres carrés", a déclaré le président Erdogan lors d'une conférence de presse avant son départ pour une visite officielle à Bahreïn, en Arabie saoudite et au Qatar. Le président turc a affirmé que ses troupes n'avaient aucune intention de demeurer stationnées en Syrie une fois que la région frontalière aura été débarrassée des djihadistes mais également des miliciens kurdes des Unités de protection du peuple (YPG) qu'Ankara voit comme une émanation du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

Régler le problème de l'immigration. La Turquie demande depuis longtemps l'établissement d'une "zone de sécurité" dans le nord de la Syrie pour les civils déplacés par la guerre, zone d'où les djihadistes de l'Etat islamique et les combattants YPG auraient auparavant été chassés de cette zone. Ankara souligne qu'une telle zone ne se conçoit pas sans être accompagnée d'une zone d'exclusion aérienne. Le président Erdogan a dit avoir à nouveau discuté de la question avec les Etats-Unis et la Russie et que l'Etat turc était prêt à réaliser les travaux d'infrastructure nécessaires. Cela permettrait d'empêcher une immigration en provenance de Syrie tout en permettant aux personnes ayant fui en Turquie de rentrer dans leur pays, a fait valoir le président Erdogan.

La recul de l'EI. L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) a indiqué que l'aviation turque avait mené d'intenses raids aériens dans la région et que les rebelles affrontaient dimanche les djihadistes au nord et au sud-ouest d'al Bab. Les forces turques ont réussi une percée dans la partie occidentale de la ville dont elles contrôlent environ 10% ainsi que les faubourgs ouest, précise l'OSDH. L'armée syrienne a, elle, progressé dans le sud, près de la localité de Tadef, depuis vendredi et se trouve désormais à un kilomètre et de demi d'al Bab.

Les autorités turques estiment que les récentes attaques terroristes commises par l'EI en Turquie, dont celle contre une discothèque d'Istanbul lors du réveillon du Nouvel An qui a fait 39 morts, ont été préparées à partir d'al Bab et de Raqqa. La Turquie a demandé à plusieurs reprises d'être associée à l'offensive contre Raqqa et exigé que les milices YPG, soutenues par Washington, soient exclues de cette opération.