La réponse d'Israël aux manifestations à Gaza "peut constituer" un "crime contre l'humanité", selon les enquêteurs ONU

Les tirs d'Israël sur des manifestants de la bande de Gaza en 2018 peuvent constituer un "crime contre l'humanité", selon une commission de l'ONU.
Les tirs d'Israël sur des manifestants de la bande de Gaza en 2018 peuvent constituer un "crime contre l'humanité", selon une commission de l'ONU. © JACK GUEZ / AFP
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avec AFP , modifié à
La commission de l'ONU chargée d'enquêter sur les "violations et mauvais traitements présumés" de la part d'Israël aux manifestations à Gaza en 2018 a estimé jeudi qu'il pouvait s'agir d'un "crime contre l'humanité".

Une commission de l'ONU a affirmé jeudi que la réponse d'Israël aux manifestations à Gaza en 2018 "peut constituer des crimes de guerre ou des crimes contre l'humanité", les enquêteurs soulignant que des snipers ont visé des civils, dont des enfants.

Des violations du droit international humanitaire. "Les soldats israéliens ont commis des violations du droit international humanitaire et des droits humains. Certaines de ces violations peuvent constituer des crimes de guerre ou des crimes contre l'humanité et doivent immédiatement faire l'objet d'une enquête par Israël", a déclaré le président de la Commission, Santiago Canton.

Un contexte de violences ciblées. Selon la commission de l'ONU, "plus de 6.000 manifestants non armés ont été touchés par des tireurs d'élite militaires, semaine après semaine lors des manifestations". Les enquêteurs ont indiqué avoir "trouvé des motifs raisonnables de croire que des tireurs d'élite israéliens ont tiré sur des journalistes, du personnel de santé, des enfants et des personnes handicapées, sachant qu'ils étaient clairement reconnaissables comme tels".

La commission a été mise sur pied en mai 2018 par le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU pour "enquêter sur les violations et mauvais traitements présumés (...) dans le contexte des assauts militaires menés lors des grandes manifestations civiles qui ont commencé le 30 mars 2018" à Gaza.

La "Marche du retour". À partir du 30 mars 2018, des dizaines de milliers de Palestiniens de la bande de Gaza, territoire coincé entre Israël, l'Egypte et la Méditerranée, se sont rassemblés chaque semaine près de la frontière pour la "Marche du retour", qui revendique le droit des Palestiniens à retourner sur les terres dont ils ont été chassés ou qu'ils ont fuies à la création d'Israël en 1948.

Un mouvement civil et non des combats miliaires, selon l'ONU. Israël n'a cessé de proclamer que cette protestation massive était orchestrée par le Hamas, mouvement islamiste qui dirige la bande de Gaza et auquel il a livré trois guerres depuis 2008. Mais pour les enquêteurs de l'ONU, "les manifestations étaient de nature civile, avec des objectifs politiques clairement énoncés" et "malgré certains actes de violence importante, la commission a estimé que les manifestations ne constituaient pas des combats ou des campagnes militaires".

 

Un "théâtre de l'absurde" selon Israël. Israël a rejeté jeudi comme "partial" ce rapport. "Le théâtre de l'absurde pratiqué au Conseil des droits de l'Homme [de l'ONU] a produit un rapport hostile, mensonger et partial contre Israël", a réagi Israel Katz, le ministre des Affaires étrangères, dans un communiqué.