Iran - Israël : "La tension peut durer mais la situation reste sous contrôle"

Un F16 israélien a été abattu samedi matin lors d'un raid contre des positions iraniennes.
Un F16 israélien a été abattu samedi matin lors d'un raid contre des positions iraniennes. © JACK GUEZ / AFP
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M.B.
Pour Frédéric Encel, géopolitologue et maître de conférences à Sciences Po, la confrontation actuelle entre l'Iran et l'Israël a peu de chance d'empirer, en raison du rôle clef de la Russie.
ON DÉCRYPTE

Faut-il s'inquiéter de l'escalade de tensions entre l'Iran et Israël ce week-end ? Depuis que l'aviation israélienne a mené des raids, samedi matin, contre des positions iraniennes après avoir vu un drone iranien pénétrer dans son espace aérien, la confrontation menace au Proche-Orient. L'ONU a pris ce regain de tension très au sérieux, son secrétaire général appelant dans la nuit de samedi à dimanche à une désescalade immédiate. Mais pour le géopolitologue Frédéric Encel, interrogé dimanche sur Europe 1, maître de conférences à Sciences Po, la situation "reste sous contrôle".

La solution est à Moscou. Certes, "on est dans une confrontation qui n'est plus entre Israël et le Hezbollah ou Israël et la Syrie, mais entre Israël et l'Iran, ce qui est beaucoup plus dangereux", souligne le chercheur. Mais lui "ne croit pas" à une escalade de la violence. Notamment car la Russie pourrait jouer le rôle de garde-fou. "La solution se trouve du côté de Vladimir Poutine. Nous avons aujourd'hui des relations correctes entre les Russes et les Israéliens, [car] chacun souhaite se partager l'espace aérien syrien sans accident."

D'un autre côté, Moscou garde aussi des relations cordiales avec Téhéran et Damas, "véritable axe stratégique". Dès lors, la Russie peut permettre d'éviter le pire. "Tant qu'il n'y a pas de confrontation directe au sol, c'est une situation qui reste sous contrôle", estime Frédéric Encel. 

 

Israël craint un encerclement. Le géopolitologue s'attache à remettre ce soudain regain de tensions dans un contexte plus global. "Depuis six ans de guerre civile en Syrie, les Iraniens ont avancé leurs pions. Ils ont renforcé le Hezbollah", bête noire d'Israël. Après leurs victoires en Irak et en Syrie, les Iraniens "souhaitent mettre un pied en Méditerranée", explique Frédéric Encel. "Autrement dit, établir des jalons de contrôle sur l'ensemble de la région." Voilà qui inquiète fortement Israël, qui craint "une espèce d'encerclement". 

"La tension peut durer". "Aucun des deux camps ne souhaitera baisser la garde", prévient Frédéric Encel. "L'Iran souhaite maintenir son axe jusqu'à la Méditerranée. De l'autre côté, les Israéliens entendent bien empêcher l'augmentation des capacités balistiques aériennes de l'Iran dans la Région." Selon le géopolitologue, "la tension peut donc durer, mais impossibilité d'une véritable escalade militaire globale."