Guerre en Ukraine : ce qu'il faut retenir du 135e jour de l'invasion russe

Au 135e jour de la guerre, l'armée russe pilonnait vendredi la région de Donetsk, dans l'est de l'Ukraine. (Illustration) © MIGUEL MEDINA / AFP
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avec AFP , modifié à

L'armée russe pilonnait vendredi la région de Donetsk, dans l'est de l'Ukraine, en vue d'une reprise de l'offensive pour s'emparer de l'ensemble du bassin du Donbass malgré les appels internationaux à arrêter la guerre. Vladimir Poutine a mis au défi les pays occidentaux de "vaincre sur le champ de bataille" son armée, assurant n'avoir "pas encore commencé les choses sérieuses" en Ukraine.

Au 135e jour de la guerre, l'armée russe pilonnait vendredi la région de Donetsk, dans l'est de l'Ukraine , en vue d'une reprise de l'offensive pour s'emparer de l'ensemble du bassin du Donbass malgré les appels internationaux à arrêter la guerre. Le président russe Vladimir Poutine a mis au défi les pays occidentaux de "vaincre sur le champ de bataille" son armée, assurant n'avoir "pas encore commencé les choses sérieuses" en Ukraine. Sur le terrain, la Russie poursuit sa "pause opérationnelle" entamée depuis la prise de la ville stratégique de Lyssytchansk le 3 juillet, qui lui assure le contrôle de Lougansk, une des deux régions du Donbass, affirme l'Institut américain pour l'étude de la guerre (ISW).

Pour autant, les troupes russes mènent toujours des "offensives terrestres limitées et des frappes aériennes, d'artillerie et de missiles sur tous les axes", selon l'ISW, qui les voit "continuer à se limiter à des actions à petite échelle, le temps de reconstituer leurs forces et de créer les conditions d'une offensive plus significative dans les semaines ou mois prochains".

Les informations à retenir :

  • Vladimir Poutine assure n'avoir "pas encore commencé les choses sérieuses" en Ukraine
  • Quatre morts et neuf blessés dans la région de Kharkiv
  • Six morts et 21 blessés dans la région de Donetsk
  • Sergueï Lavrov boude les réunions du G20
  • Sanctions : des conséquences "catastrophiques" pour l'énergie, avertit Poutine

Bombardements nourris dans l'est

Les frappes russes dans la région de Donetsk ont fait en 24 heures six morts et 21 blessés, a annoncé le gouverneur Pavlo Kyrylenko. "La Russie concentre probablement de l'équipement vers Siversk, à environ 8 km à l'ouest de son actuelle ligne de front", et à l'est de Sloviansk, précise le ministère britannique de la Défense.

"Il existe une possibilité réaliste que Siversk soit l'objectif tactique immédiat de la Russie, dont les forces tentent de progresser vers leur plus probable but opérationnel, la zone urbaine de Sloviansk-Kramatorsk", indique-t-il. L'armée ukrainienne a affirmé avoir repoussé une tentative d'avancée russe près de Sloviansk mais reconnu une progression ennemie au sud de Siversk.

Tentative russe dans le nord-est

Dans la région de Kharkiv, la deuxième ville du pays , les bombardements russes ont fait quatre morts et neuf blessés parmi les civils en 24 heures, a indiqué le gouverneur Oleg Sinegoubov.

"Les forces russes ont lancé un assaut limité et infructueux au nord de la ville de Kharkiv", selon l'ISW.

Pression ukrainienne sur le sud

"Les forces ukrainiennes ont continué à avancer progressivement dans le sud-ouest du secteur de Kherson", selon le ministère britannique de la Défense.

La présidence ukrainienne a fait état d'explosions vendredi matin dans la région voisine de Mykolaïv, d'où partent les tentatives de contre-attaque vers Kherson, ville occupée depuis les premiers jours de la guerre .

Moscou interpellée au G20

Au G20 des chefs de la diplomatie, sur l'île indonésienne de Bali, première rencontre depuis le début de l'invasion entre le secrétaire d'État américain Antony Blinken et le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, ce dernier a boudé les réunions avec ses homologues après un flot de déclarations occidentales condamnant la guerre. Antony Blinken a relevé "un important chœur du monde entier, pas seulement des États-Unis pour (...) que l'agression cesse". L'Indonésie, pays hôte, a appelé à "régler les différends à la table de négociations, pas sur le champ de bataille", soulignant que "comme toujours, les pays pauvres et en développement sont les plus touchés" par les retombées du conflit.

Sergueï Lavrov a reproché à ses collègues occidentaux d'avoir occulté les questions économiques mondiales pour se livrer à "une critique effrénée de la Russie sur la situation en Ukraine". Antony Blinken a notamment sommé la Russie de "laisser sortir les céréales" bloquées dans les ports ukrainiens.

Les prix mondiaux des denrées alimentaires , qui ont atteint un sommet en mars en raison de l'invasion de l'Ukraine, poursuivent leur baisse pour le troisième mois consécutif, avec un premier fléchissement du blé, selon l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). Cette baisse s'explique par "la disponibilité saisonnière de nouvelles récoltes dans l'hémisphère nord, l'amélioration des conditions de culture dans certains grands pays producteurs (comme le Canada)" et une production en Russie qui s'annonce exceptionnelle.

Sanctions : des conséquences "catastrophiques" pour l'énergie, avertit Poutine

Le président russe Vladimir Poutine a mis en garde vendredi contre de possibles répercussions "catastrophiques" des sanctions occidentales pour le marché mondial de l'énergie. "Une utilisation plus poussée de la politique des sanctions peut entraîner des conséquences encore plus graves, sans exagérer, voire catastrophiques, pour le marché mondial de l'énergie", a mis en garde Vladimir Poutine. "Les sanctions contre la Russie causent beaucoup plus de dommages précisément aux pays qui les imposent", a-t-il encore affirmé, une phrase qu'il répète à l'envie, notant l'envolée des prix de l'énergie dans les pays occidentaux.

Il s'est réjoui que les autres pays producteurs de pétrole résistent aux demandes occidentales d'augmenter leur production de pétrole pour compenser le pétrole russe boycotté et empêcher une hausse des prix. L'offensive lancée fin février par Moscou en Ukraine a provoqué une pluie sans précédent de sanctions occidentales, dont un embargo sur le pétrole russe imposé par Bruxelles et Washington. Moscou, en réponse aux sanctions occidentales, a sabré ces dernières semaines ses livraisons de gaz aux Européens , toujours très dépendants des hydrocarbures russes malgré leurs récents efforts pour diversifier leurs fournisseurs.

Le transit de gaz russe à travers l'Ukraine a ainsi atteint un plus bas historique en juin. À cela s'ajoute l'inquiétude montante en Allemagne, à la veille de l'arrêt total à partir de lundi du gazoduc Nord Stream 1 en raison de travaux de maintenance. En conséquence, les prix de l'énergie ont flambé, alimentant une envolée de l'inflation au risque de plomber durablement la consommation et la croissance.

Dizaines de milliers de morts

Il n'existe aucun bilan global des victimes civiles du conflit. L'ONU a recensé près de 5.000 morts confirmés, dont plus de 300 enfants, mais reconnaît que le nombre véritable est sans doute largement supérieur. Pour la seule ville de Marioupol (sud-est), tombée en mai au terme d'un terrible siège, les autorités ukrainiennes évoquaient quelque 20.000 morts, sans fournir de preuve.

Sur le plan militaire, des sources de sécurité occidentales évoquent désormais de 15.000 à 20.000 soldats russes tués. Les forces ukrainiennes perdent chaque jour une centaine de soldats, selon Kiev. Aucune statistique indépendante n'est disponible.

Ukrainiens déplacés ou réfugiés

Plus de six millions d'Ukrainiens sont déplacés à l'intérieur de leur pays, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) et le Haut Commissariat aux réfugiés de l'ONU (HCR).

Ils s'ajoutent aux quelque 5,5 millions d'Ukrainiens enregistrés comme réfugiés dans d'autres États européens depuis le début de l'invasion le 24 février .