Guerre en Ukraine : ce qu'il faut retenir au 271e jour de l'invasion russe

Le chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a dénoncé dimanche des tirs "délibérés et ciblés" contre la centrale nucléaire de Zaporijia.
Le chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a dénoncé dimanche des tirs "délibérés et ciblés" contre la centrale nucléaire de Zaporijia. © STRINGER / ANADOLU AGENCY / Anadolu Agency via AFP
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Europe 1 avec AFP , modifié à
Au 271e jour du conflit en Ukraine, le parquet général ukrainien a annoncé ce lundi avoir trouvé quatre nouveaux "sites de torture" utilisés par les Russes à Kherson (sud) avant leur retraite forcée de la région il y a une dizaine de jours, Kiev accusant Moscou de crimes de guerre.

Par ailleurs, suite aux tirs, d'origine indéterminée, qui se sont abattus dimanche dans l'enceinte de la centrale nucléaire de Zaporijjia, les présidents français Emmanuel Macron et ukrainien Volodymyr Zelensky ont insisté lundi, lors d'un appel téléphonique, sur "l'absolue nécessité de préserver la sécurité et la sûreté" du site. À Kiev, le direction régional de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour l'Europe, Hans Kluge, a par ailleurs prévenu que l'hiver menacera la vie de millions d'Ukrainiens, après les séries de frappes russes dévastatrices sur les infrastructures énergétiques du pays.

Les principales informations :

- L'OMS alerte sur la mise en danger de mort de millions de personnes en Ukraine, à cause de l'hiver et des coupures d'électricité

- La Russie et l'Ukraine s'accusent mutuellement de bombardements sur la centrale de Zaporijjia

- Kherson est sous les bombardements russes, une semaine après sa libération par l'armée ukrainienne

- Paris tient une conférence de soutient à la Moldavie, durement touchée par le conflit ukrainien

L'OMS parle d'une "question de survie"

"Cet hiver mettra en danger la vie de millions de personnes en Ukraine", a déclaré Hans Kluge. "Pour faire simple, cet hiver sera une question de survie". Les dommages à l'infrastructure énergétique ukrainienne "ont déjà des effets dévastateurs sur le système de santé et sur la santé de la population", a-t-il ajouté.

À Moscou, le Kremlin a promis de châtier les responsables de la mort d'un groupe de soldats russes en Ukraine, dénoncée par Moscou comme une exécution, alors que Kiev affirme que ces militaires ont été tués après une fausse reddition. Une frappe russe a par ailleurs fait un mort et trois blessés à Kherson, selon le chef adjoint de la présidence, Kyrylo Tymochenko, qui n'a pas donné plus de détails.

"À Kherson, les procureurs continuent d'établir les crimes de la Russie : des sites de torture ont été établis dans quatre bâtiments", a indiqué le parquet ukrainien sur Telegram. Selon le parquet, les enquêteurs ukrainiens se sont rendus dans "quatre" immeubles, notamment des "centres de détention provisoire" d'avant-guerre, "où, lors de la prise de la ville, les occupants ont illégalement détenu des personnes et les ont brutalement torturées".

"Des morceaux de matraques en caoutchouc, une batte en bois, un appareil utilisé par les occupants pour électrocuter les civils, une lampe à incandescence et des balles (…) ont été saisis", a ajouté la même source, dix jours après la reprise de Kherson par l'armée ukrainienne à l'issue d'une contre-offensive qui a duré deux mois.

 

Vives inquiétudes autour de la centrale de Zaporijia

Selon la présidence française, Emmanuel Macron "a dit sa vive préoccupation" quant aux "nouveaux tirs contre la centrale" en Ukraine, que Moscou et Kiev s'accusent mutuellement d'avoir bombardée. Il s'en était déjà entretenu dimanche avec le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, qui avait dénoncé des frappes "absolument délibérées, ciblées".

Emmanuel Macron et Volodymyr Zelensky "ont rappelé que c'était l'occupation illégale de la centrale par la Russie qui était à l'origine de la situation actuelle", a rapporté l'Élysée. Sous la neige, l'Ukraine a célébré lundi le 9e anniversaire du début de la révolution pro-occidentale de l'"Euromaïdan", qui avait mené à la destitution d'un président prorusse au prix d'une répression qui avait fait plus d'une centaine de morts. En retour, la Russie avait annexé la Crimée et attisé une rébellion armée dans le Donbass (Est).

"Une bonne douzaine" de frappes ont ciblé la centrale ce week-end, de samedi à dimanche, dont certaines ont été constatées par des experts de l'AIEA, a indiqué l'Agence dans un communiqué. Son responsable a jugé la situation "gravissime", sans en attribuer la responsabilité aux forces russes ou ukrainiennes. "La centrale est sur la ligne de front, il y a des activités militaires très difficiles à cerner, il y a des effectifs russes et des effectifs ukrainiens en opération", a rappelé Rafael Grossi.

Pour le ministère russe de la Défense, "le régime de Kiev ne cesse pas les provocations afin de créer la menace d'une catastrophe à la centrale nucléaire de Zaporijia". Samedi et dimanche, les forces ukrainiennes ont tiré plus d'une vingtaine d'"obus de grand calibre" sur la centrale, affirme le communiqué du ministère.

Libérée, la ville ukrainienne de Kherson maintenant sous les obus des Russes 

Après que l'armée russe, tout juste rejetée de l'autre côté du fleuve, a pilonné la zone industrielle et incendié un dépôt pétrolier non loin de leur immeuble de Kherson, dans le sud de l'Ukraine, Iouri Mosolov et sa femme ont décidé qu'il était temps de partir. Ils ont chargé les sacs dans leur canot au bord du Dniepr, et ont descendu le fleuve jusqu'à leur datcha d'été, où ils espèrent échapper aux combats et aux bombardements qui frappent maintenant Kherson.

Pendant huit mois, ils ont enduré l'occupation par l'armée russe, qui s'était emparée de Kherson peu après le début de la guerre lancée par Vladimir Poutine contre l'Ukraine le 24 février. Mais une semaine à peine après que les forces ukrainiennes ont repris Kherson aux Russes, Iouri Mosolov a senti qu'un nouveau danger pesait sur la ville. "Nous avons survécu à l'occupation, nous survivrons aux bombardements", a-t-il dit à l'AFP dimanche, en regardant les colonnes de fumée noire s'élevant au-dessus de la zone industrielle toute proche.

Mais les frappes contre le dépôt pétrolier près de chez eux ont secoué le couple. "Après les bombardements d'hier, ma femme a dit 'Ne prenons pas trop de risques, partons'", a expliqué M. Mosolov.

Conférence à Paris sur le soutien à la Moldavie, victime de la guerre en Ukraine

Paris accueille lundi une conférence internationale de soutien à la Moldavie avec l'objectif immédiat de lui apporter une aide d'urgence pour traverser l'hiver tout en accompagnant le pays sur la voie d'une adhésion à l'Union européenne. La Moldavie, petit pays de 2,6 millions d'habitants candidat depuis fin juin à l'entrée dans l'UE, est voisine de l'Ukraine. Et elle subit de plein fouet les conséquences de la guerre, en particulier sur le plan énergétique alors que la compagnie russe Gazprom a réduit de moitié ses exportations de gaz vers Chisinau.

La "plateforme internationale de soutien à la Moldavie" a été lancée à l'initiative de l'Allemagne, de la France et de la Roumanie. Deux éditions se sont déjà déroulées, la première à Berlin en mars, la seconde à Bucarest en juillet. Mais cette troisième réunion revêt une importance particulière avec l'arrivée de l'hiver et "le chantage au gaz russe", a résumé une source diplomatique française.

Outre le défaut d'approvisionnements en gaz russe, la Moldavie est confrontée à des coupures d'électricité liées aux frappes de missiles russes sur les infrastructures énergétiques ukrainiennes. De plus, elle n'a pas de capacités de stockage de gaz. Dans un entretien récent avec l'AFP, le ministre moldave des Affaires étrangères Nicu Popescu avait évalué à 1,1 milliard d'euros le besoin de financement supplémentaire pour couvrir les surcoûts énergétiques du pays cet hiver.

Son gouvernement s'est tourné vers la Roumanie pour acheter du gaz à bas prix mais le pays demeure extrêmement vulnérable, avait-il insisté. "Notre pays est menacé militairement" par la Russie, avait-il déclaré, rappelant la présence de soldats russes sur le territoire moldave, dans la région séparatiste prorusse de Transdniestrie.