Grande émotion en Iran après la publication de photos de gens dormant dans des tombes

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Une cinquantaine d'hommes et de femmes s'étaient installés au cimetière de Shahriyar © capture d'écran du site Isna
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avec AFP , modifié à
"J'avais entendu parler de sans abris dormant sous les ponts, ou dans le métros dans les pays étrangers, mais j'avais moins entendu parler de gens dormant dans des tombes", a dit le président Rohani. 

Des photos publiées par l'Agence de presse des étudiants iraniens (ISNA) montrant une cinquantaine de pauvres et de toxicomanes dormant dans des tombes du cimetière de Shahriyar, à l'ouest de Téhéran, ont provoqué une grande émotion en Iran.

"Tout mon être est rempli de honte et de sanglots". Le célèbre cinéaste Asghar Farhadi a écrit au président Hassan Rohani pour exprimer sa "honte" alors que les photos des tombes ont été largement publiées sur les réseaux sociaux et que des sportifs et d'autres artistes ont également exprimé leur colère.

"J'ai vu le rapport sur la vie d'hommes, de femmes et d'enfants dans des tombes d'un cimetière des environs de Téhéran et tout mon être est rempli de honte et de sanglots", a écrit Asghar Farhadi dans une lettre diffusée mardi via les réseaux sociaux. "Je veux partager cette honte avec tous ceux qui ont eu des responsabilités" ces dernières décennies dans le pays, a-t-il ajouté.

Des photos marquantes. Le quotidien Shahrvand avait publié mardi un reportage illustré sur ces personnes dormant dans des tombes vides, creusées à l'avance. "Est-ce que nous ne sommes pas des êtres humains ? Est-ce que nous sommes des étrangers ? Ne sommes-nous pas des Iraniens ?", disait un sans-abris interrogé par le quotidien.

La réponse du président. Mercredi lors d'un discours télévisé, le président Rohani a réagi à la lettre de Asghar Farhadi en affirmant que personne ne peut "accepter dans un grand pays comme l'Iran que des gens se réfugient dans des tombes". "J'avais entendu parler de sans-abris dormant sous les ponts, ou dans les métros dans les pays étrangers, mais j'avais moins entendu parler de gens dormant dans des tombes", a dit le président iranien. Le préfet local a été chargé de régler le problème.

Signe d'une pauvreté grandissante. Selon le quotidien Shahrvand, la cinquantaine d'hommes et de femmes qui occupaient les tombes, dont certains depuis des années, ont été évacués manu militari du cimetière dès lundi après-midi. Le procureur de Shahriyar, ville située à 30 km de Téhéran, a indiqué que les toxicomanes évacués seront envoyés dans des centres de désintoxication. La pauvreté s'est beaucoup développée ces dernières années en Iran, où le taux officiel de chômage est passé de 10,6% en 2014 à 12,7% cette année alors que le chômage des jeunes (15-29 ans) atteint les 27%.