États-Unis : la question de la citoyenneté dans le prochain recensement

Certains immigrés pourraient ne pas répondre au recensement et donc fausser les chiffres (image d'illustration).
Certains immigrés pourraient ne pas répondre au recensement et donc fausser les chiffres (image d'illustration). © AFP
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avec AFP , modifié à
Malgré une opposition des associations défendant les minorités, la question de la citoyenneté devrait de nouveau être posée lors de la campagne qui se déroulera en 2020.

Le ministère américain du Commerce a annoncé lundi la réintroduction de la question de la citoyenneté lors du prochain recensement de la population qui se déroulera en 2020, malgré les critiques des associations défendant les minorités. Aux États-Unis, le recensement décennal se déroule sous la tutelle de ce ministère. Et il revient au ministre du Commerce, actuellement Wilbur Ross, de choisir les questions.

Cinq réponses possibles. "La question de la citoyenneté sera la même que celle posée dans l'enquête annuelle de la communauté américaine (ACS)", précise le ministère dans un communiqué diffusé lundi soir. Les personnes répondant aux questionnaires devront donc répondre à l'interrogation suivante : "Cette personne est-elle un citoyen des États-Unis ?" avec cinq déclinaisons possibles : oui né aux États-Unis ; oui né à Porto Rico ou à Guam ou aux îles Vierges ou dans les îles Marianne du Nord ; oui né à l'étranger de citoyens ou parents américains ; oui par naturalisation ; non pas un citoyen américain.

Une question pour fournir des données "complètes et précises". Le ministère ajoute que cette question, posée quasiment dans tous les recensements entre 1820 et 1950, "est nécessaire pour fournir des données de recensement complètes et précises". Le ministère de la justice qui est à l'origine de cette question avait argué que cela permettrait de recueillir des données plus précises pour faire respecter le "Voting Rights Act" qui interdit la discrimination raciale en matière de vote.

La crainte d'une frange de la population. De leur côté, les associations de défense des minorités ethniques s'inquiètent depuis plusieurs mois de la réintroduction d'une telle question. Car face à un président américain qui entend limiter l'immigration légale et renforcer la lutte contre les clandestins, toute une frange de la population pourrait tout simplement refuser de participer au prochain comptage, par crainte que l'administration Trump puisse utiliser ces informations contre eux. 

D'importantes conséquences politiques et économiques. Cela truquerait ainsi les données finales, qui sont collectées tous les dix ans avec des conséquences politiques, économiques et sociales. Inscrit dans la Constitution, le recensement détermine en effet le nombre de sièges que chaque Etat détient à la Chambre des représentants. 

Répondre au recensement, c'est aussi contribuer à une juste répartition et distribution des plus de 675 milliards de dollars (543 milliards d'euros) de fonds fédéraux annuels consacrés aux écoles, aux hôpitaux, aux routes et autres services publics.

La sous-estimation de certaines communautés est un problème ancien. Des experts ont ainsi estimé que lors du dernier recensement, en 2010, les résidents latinos avaient été sous comptabilisés de 775.000 personnes. Mais le problème pourrait être de plus grande ampleur cette fois.