Energies renouvelables : les pays émergents désormais meilleurs que nous

Christian de Perthuis est le fondateur de la chaire économie du climat à l’Université Paris Dauphine
Christian de Perthuis est le fondateur de la chaire économie du climat à l’Université Paris Dauphine © Europe 1
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Anaïs Huet
ENVIRONNEMENT - Les investissements dans les énergies renouvelables ont atteint 256 milliards d’euros en 2015, dont plus d'un tiers ont été réalisés par la Chine.
INTERVIEW

C'est un record mondial : les investissements dans les énergies renouvelables ont atteint 256 milliards d’euros en 2015. Le solaire et l'éolien sont les plus prisés. A un degré moindre, la géothermie, la récupération des déchets et la petite hydraulique sont elles aussi peu à peu adoptées. Une excellente nouvelle, que l'on doit en premier lieu aux pays du sud. Car à eux-seuls, les pays en développement et émergents ont investi 156 milliards de dollars en 2015, soit une hausse de 19% par rapport à 2014.

Un tiers de l'investissement mondial pour la Chine. L'Inde a investi 10 milliards de dollars, l'Afrique du Sud 4,5 milliards, le Mexique 4 milliards. Mais surtout, la Chine a investi 102 milliards de dollars l'an dernier, soit plus d'un tiers de l'investissement mondial. Sur Europe 1 vendredi matin, Christian de Perthuis, professeur et fondateur de la chaire économie du climat à l’Université Paris Dauphine, a clarifié ce phénomène. "La Chine a engagé une transition énergétique majeure, elle est en train de sortir le plus rapidement possible du charbon. Elle investit désormais massivement dans le photovoltaïque". Depuis, les coûts du photovoltaïque, qui était une énergie extrêmement chère, décroissent très vite.

L'Europe distancée. De son côté, l'Europe a investi 48,6 milliards de dollars pour les énergies renouvelables en 2015. Si elle a été la première à s'intéresser à ces nouvelles énergies, pour quelle raison se fait-elle aujourd'hui distancer ? "Au démarrage, l'Europe n'a pas très bien investi. On a accordé beaucoup de subventions", observe Christian de Perthuis. "Depuis six ans, les investissements dans les énergies renouvelables baissent en Europe, parce qu’on n’a pas trouvé les bons modèles économiques. Il faut qu’elles soient rentables pour être bien intégrées". Pour le spécialiste, l'enjeu est "fondamentalement économique".

La France à la traîne. Par ailleurs, contrairement à ce que l'on entend parfois, "la France n’est pas du tout en avance en matière d’énergies renouvelables par rapport à ses partenaires européens". Pour Christian de Perthuis, cela tient à deux raisons principales. D'une part, nos réseaux électriques ne sont techniquement pas prévus pour distribuer des énergies renouvelables. D'autre part, la France a "un gros problème : l'importance du nucléaire". Selon le professeur, "il faut accélérer la mutation pour respecter des engagements de transition énergétique ambitieux", pris notamment lors de la COP21 à Paris, en décembre.