Encel : "La France a toujours voulu être en pointe du problème israélo-palestinien"

Jérusalem
Jérusalem © MENAHEM KAHANA / AFP
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A.D
Vendredi prochain se tiendra, à Paris, le premier volet d'une conférence internationale en faveur de la paix au Proche-Prient.
INTERVIEW

L'initiative avait été prise par Laurent Fabius lorsqu'il était ministre des Affaires étrangères et le projet a été repris par Jean-Marc Ayrault. Vendredi prochain se tiendra à Paris une conférence en faveur de la paix au Proche-Orient. Le rendez-vous a été préparé par le séjour la semaine dernière de Manuel Valls en Israël et en Palestine. Frédéric Encel, maître de conférence à sciences-Po était l'invité de David Abiker dimanche, dans C'est arrivé demain. Le spécialiste analyse au micro d'Europe 1 les chances d'aboutir de cette conférence.

Pendant l'"absence" américaine. Pourquoi maintenant et pourquoi la France ? "Maintenant, parce que les Américains n'y vont pas. En pleine année électorale, il n'y aura pas d'initiatives avant huit à dix mois, voire un an. De plus, "la France est revenue au Proche et au Moyen-Orient, du Mali, à la Syrie, en passant par l'Egypte, l'Irak et l'Iran avec le traité nucléaire du 14 juillet 2015. La France est l'un des trois grands, au même titre que la Russie et peut-être même davantage, dans cette région. Pourquoi ne pas revenir sur ce conflit un peu oublié avec les printemps arabes ?"

Israéliens et les Palestiniens... absents de ce premier rendez-vous. La France a toujours "voulu être en pointe du problème israélo-palestinien. L'idée de la conférence internationale date de 1982 avec François Mitterrand", rappelle le spécialiste. "Les Américains étaient omnipotents mais aujourd'hui, ils se replient." Néanmoins, les Américains seront présents sous la houlette de John Kerry. En revanche les grands absents de ce premier volet de négociations seront... les Israéliens et les Palestiniens. C'est parce que cette première phase consistera à jauger s'il y aura une possibilité "d'arriver à un consensus pour proposer un cadre global. Le deuxième volet, dans les prochains mois aura lieu avec les Palestiniens et les Israéliens qui seront les acteurs principaux".

Contre-proposition israélienne. Concrètement, si des milliers de diplomates sont concernées par une telle entreprise et se parleront entre eux, une centaine se rendra à Paris. Mais au-delà de cette imposante structure, "Benyamin Netanyahou (Premier ministre israélien, ndlr) a fait une contre-proposition à Manuel Valls lors de son voyage", celle de directement régler la paix avec les Palestiniens en face à face. "Les Israéliens veulent discuter en tête-à-tête, sans pressions extérieures. Or le rapport de forces est écrasant en faveur d'Israël. Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité palestinienne craint de se retrouver dans un rapport trop difficile et souhaite que ce soit multilatéral et qu'il y ait des honnêtes arbitres et des puissances protectrices."

Pour aboutir, il faudrait que des négociations en amont "aboutissent sur les cinq litiges fondamentaux : l'eau, les implantations, les frontières, Jérusalem et les réfugiés." Le spécialiste se montre optimiste. "Tout cela a déjà été négocié et toutes les enquêtes d'opinion réalisées chez les deux parties depuis 20 ans indiquent l'acceptation par les deux populations, même en temps de tension, de la solution des deux Etats."