Pablo Iglesias, le candidat de la gauche radicale, a reçu une lettre menaçante. 2:28
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Vincent Hervouët
A quelques jours des élections régionales à Madrid, plusieurs personnalités de gauche ont reçu des lettres de menaces. Mais la droite reproche à la gauche d'instrumentaliser cet épisode. Pour notre éditorialiste Vincent Hervouët, dans ces débats enflammés, "l'émotion et la confusion sont à tous les étage". 
EDITO

En Espagne, de mystérieuses lettres menaçantes électrisent la campagne. Plusieurs personnalités politiques ont reçu des lettres contenant des balles ou un couteau, et ce à quelques jours des élections régionales du 4 mai, à Madrid. Alors que la campagne était jusqu'à présent dominée par la question de l'épidémie de coronavirus, la gauche a désormais placé le combat contre l'extrême droite au cœur du scrutin, tandis que la droite dénonce l'utilisation politique de ces menaces. Pour notre éditorialiste Vincent Hervouët, ces débats enflammés sont surtout dominés par la confusion. 

"S'il n'y avait pas le million de cadavres de 1936, on serait tenté d'en rire. Le scrutin est local, mais on dirait la bataille finale du bien et du mal. L'Espagne rejoue la guerre civile. Elle le craint, elle le croit, et l'émotion et la confusion sont à tous les étages. 

Les candidats ont arrêter de se parler

La marmite déborde depuis la fin de la semaine dernière. Le chef de Podemos, la gauche radicale, le ministre de l'Intérieur, qui est gay, et la chef de la garde civile, qui est une femme, ont reçu une lettre anonyme et les menaces de mort étaient assorties de balles, comme celles utilisées autrefois dans l'armée espagnole. Lundi, le ministre du Tourisme a trouvé au courrier un couteau tout rouge avec du sang ou de la peinture. La police interroge le suspect, un malade mental.

La classe politique s'indigne. Ces accessoires de grand guignol enflamment les imaginations....Et pour la première fois depuis un an, on ne parle plus du Covid. D'ailleurs, les politiciens en campagne ont carrément arrêter de se parler. Le chef de Podemos a dénoncé l'impunité dont profiterait l'extrême droite et la candidate de Vox, la droite radicale, ayant mis en doute l'authenticité des menaces, il a claqué la porte. Fin du débat, on ne discute pas avec l'ennemi. De son côté, le Premier ministre Pedro Sanchez a surenchéri dimanche avec un appel solennel. Il ne s'agit plus de protéger Madrid : le slogan officiel est devenu "protéger la démocratie". No pasaran!

La gauche agite les fantômes du passé

Les sondages donnent la présidente de centre droit réélue, mais elle aura besoin des nationalistes pour gouverner la région. La gauche prétend que cette alliance est illégitime, que la droite est l'héritière de Franco et qu'elle continue la guerre civile. En réalité, le PSOE et le PP, les deux grands partis de gouvernement, se sont tellement recentrés qu'ils sont pratiquement interchangeables. Pour se différencier, la gauche agite les fantômes du passé et impose aussi des réformes de société ultra progressistes, comme quand elle a légalisé le cannabis le mois dernier. "Viva la muerte" était le cri de ralliement des franquistes. Ça pourrait être celui des kamikazes islamistes, les seuls fascistes qui ne font pas semblant en Espagne".