Crimes de guerre : Naser Oric, le "défenseur de Srebrenica" acquitté

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Naser Oric a été acquitté des crimes de guerre dont il était accusé (image de 2008) © ZORAN LESIC / POOL / AFP
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avec AFP , modifié à
Accusé d'avoir assassiné trois Serbes hors combats, entre juillet et décembre 1992, Naser Oric a été acquitté par un tribunal de Sarajevo lundi.

Le "défenseur de Srebrenica", Naser Oric, a été acquitté lundi par un tribunal de Sarajevo d'accusations de crimes de guerre contre des Serbes lorsqu'il défendait l'enclave musulmane lors de la guerre de 1992-95.

Acquitté. Désormais âgé de 50 ans, il a écouté le juge Saban Maksumic le déclarer innocent de l'assassinat de trois prisonniers serbes dans les alentours de Srebrenica. L'acquittement a également été prononcé pour Sabahudin Muhic, 49 ans, son frère d'armes pendant le conflit intercommunautaire.

Un héros pour les Bosniaques musulmans. Ce verdict était très attendu, pour des raisons opposées, par les Bosniaques musulmans comme par les Serbes. Pour les premiers, Oric est le "héros" de la défense de l'enclave de Bosnie orientale, qui a tenu le siège imposé par les forces serbes jusqu'à la chute de juillet 1995. En quelques jours, les forces du "boucher des Balkans", Ratko Mladic, y avaient alors massacré 8.000 hommes et adolescents bosniaques, un crime qualifié d'acte de génocide par la justice internationale.

Un "assassin" pour les Serbes. Pour les Serbes, qu'ils soient de Bosnie ou de Serbie voisine, Oric est un "assassin" qui a mené de 1992 à 1995 des attaques contre des villages serbes des alentours de Srebrenica, y commettant des crimes contre des civils et des prisonniers. Des associations de victimes estiment que 2.428 civils et militaires serbes ont été tués dans cette zone durant le conflit.

Acquitté une première fois en 2008. Arrêté une première fois en 2003 et jugé pour ces crimes devant le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY), à La Haye, Oric avait d'abord été condamné à deux ans de prison, pour ne pas avoir empêché meurtres et mauvais traitements. Mais il avait été acquitté en appel en 2008, le TPIY accordant d'importantes circonstances atténuantes à ce commandant inexpérimenté, désigné à ce poste à 25 ans.

Sous le coup d'un mandat d'arrêt en 2014. La justice serbe a émis en 2014 un mandat d'arrêt international contre Oric, l'accusant d'avoir mené "plusieurs attaques contre des villages serbes de la région de Srebrenica, afin de les vider de leur population serbe par l'intimidation, la torture et le meurtre". La Suisse l'avait arrêté un an plus tard, mais avait refusé de le remettre à la Serbie, après une vive bataille diplomatique entre Sarajevo et Belgrade. Les autorités bosniennes s'étaient alors engagées à le juger à Sarajevo.

Accusé d'avoir assassiné trois Serbes. Le procès a débuté en janvier 2016. Oric et Muhic étaient accusés d'avoir assassiné trois Serbes, hors combat, entre juillet et décembre 1992. Des témoins, dont un ancien soldat bosniaque qui a témoigné sous couvert d'anonymat, avaient affirmé qu'Oric avait égorgé une de ces trois victimes en juillet 1992. Ce que l'intéressé niait. 

Selon des associations serbes, aucun Bosniaque n'a à ce jour été condamné pour des crimes commis contre des Serbes dans la région de Srebrenica. Trois autres anciens soldats bosniaques sont jugés depuis avril 2016 à Sarajevo pour l'assassinat et la disparition d'une dizaine de prisonniers de guerre serbes de Srebrenica en juillet 1992.