Coronavirus : en pleine crise, les hôpitaux américains licencient à tours de bras

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Sonia Dridi, édité par Ugo Pascolo avec AFP , modifié à

Coronavirus oblige, le nombre d'examens et d'opérations non urgentes ont drastiquement baissé dans les hôpitaux américains. Entraînant ainsi dans leur sillage la chute des revenus de ces établissements, les obligeant à licencier à tour de bras, en pleine crise sanitaire.  

Avec plus de 85.000 morts, c'est le pays le plus endeuillé au monde par le coronavirus. Et pourtant, les hôpitaux américains licencient à tours de bras. Depuis le début de la crise, c'est ainsi 1,5 million de personnes dans le secteur de la santé qui ont été obligées de raccrocher leur blouse, dont 135.000 dans les hôpitaux. Une situation inédite alors que des centaines de milliers de personnes sont hospitalisées dans le pays, qui s'explique par le fonctionnement des hôpitaux chez l'oncle Sam. 

Une baisse drastique des revenus

Aux Etats-Unis, ce sont les actes du quotidien qui financent le milieu hospitalier. Des examens ou des opérations non urgentes qui sont facturés très chers, faute de payeur unique comme la Sécurité sociale en France. Mais comme partout, ces actes ont drastiquement diminué avec le coronavirus, et avec eux les revenus des hôpitaux. D'autant que le confinement a réduit le nombre d'accidents, et beaucoup de patients souffrant de maladies chroniques évitent les hôpitaux par crainte d'être contaminés.

200 milliards de pertes

La fédération américaine des hôpitaux estime les pertes à 200 milliards de dollars pour la période mars-juin. Elle prévoit que les remboursements pour les patients Covid, et l'enveloppe de 100 milliards votée par le Congrès, seront insuffisants pour couvrir leurs coûts réels, qui peuvent dépasser 80.000 dollars par patient en cas de réanimation avec respirateur, selon la Kaiser Family Foundation. Ces établissements sont donc obligés de couper dans leur budget, et licencient. Et comme beaucoup d'infirmiers ne sont pas salariés, les hôpitaux ont là le levier parfait pour réduire leurs dépenses. 

Des soignants qui vident les poubelles

Quant aux soignants encore en poste, certains ont vu leur nombre d'heures fondre comme neige au soleil. "Le Covid a rendu mon travail obsolète", témoigne une infirmière de 34 ans qui préfère rester anonyme et s'occupait des soins pré et post-opératoires. "Nous n'avons pas fait de chirurgies non urgentes depuis deux mois, alors que c'était la source principale de revenus pour notre service". Et dans certains cas, les soignants n'en n'ont plus que le titre et ils doivent désormais nettoyer les chambres, changer les draps, ou même vider les poubelles.