Champion des pro-Brexit, Boris Johnson a assuré dès sa désignation qu'il allait "mettre en oeuvre le Brexit le 31 octobre". 1:20
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avec AFP , modifié à
Mardi, l'Union européenne a rappelé au futur Premier ministre britannique, impatient de rouvrir les discussions sur le Brexit, que l'accord de retrait n'était pas renégociable.

L'Union européenne a poliment félicité Boris Johnson mardi, tout en rappelant au prochain Premier ministre britannique, impatient de rouvrir les discussions sur le Brexit, que l'accord de retrait n'était pas renégociable. Son élection à la tête du parti conservateur, étape pour le 10 Downing Street, était attendue et Bruxelles savourait les derniers jours de son "Brexit break", une "pause" durant laquelle le sujet a été mis entre parenthèses en attendant l'arrivée d'un nouveau Premier ministre outre-Manche.

Mais les réactions ont été rapides. Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker "veut travailler de la meilleure façon possible" avec Boris Johnson et le président français Emmanuel Macron s'est dit "très désireux de pouvoir travailler au plus vite avec" lui. Venue en visite à Paris, la prochaine présidente de la Commission européenne, l'Allemande Ursula von der Leyen, a toutefois insisté sur "les défis à venir" et mis en garde contre des temps difficiles. Elle prendra ses fonctions le 1er novembre, soit le lendemain de la date prévue du Brexit, le 31 octobre.

Un partenaire imprévisible

L'UE va désormais traiter avec un partenaire déterminé et imprévisible : champion des pro-Brexit, Boris Johnson a assuré dès sa désignation qu'il allait "mettre en oeuvre le Brexit le 31 octobre", après avoir martelé pendant sa campagne que le divorce aurait lieu coûte que coûte, quitte à sortir de l'UE sans accord. Le nouveau Premier ministre n'a pas laissé de bons souvenirs à Bruxelles : du temps où il était correspondant du quotidien conservateur Daily Telegraph au début des années 1990, il présentait toujours l'UE sous un jour négatif.

"Nous avons hâte de travailler de façon constructive"

"Nous avons hâte de travailler de façon constructive avec le Premier ministre Boris Johnson, une fois à son poste, pour faciliter la ratification de l'accord de retrait et permettre un Brexit ordonné", a assuré Michel Barnier. Le négociateur en chef de l'UE a confirmé être "prêt à "retravailler la déclaration sur le nouveau partenariat, en ligne avec les orientations" définies par les Etats membres.

Une manière de rappeler à Boris Johnson la position européenne, inamovible depuis que Theresa May a approuvé en novembre un accord de retrait négocié pendant dix-huit mois, mais que le Parlement britannique a échoué à ratifier: l'UE ne veut pas rouvrir le texte.  L'accord liste les conditions du divorce, en particulier la garantie des droits des citoyens, le règlement de la "facture" du Brexit et surtout le controversé "filet de sécurité" permettant de garantir qu'il n'y ait pas de frontière entre l'Irlande et la province britannique d'Irlande du nord après le Brexit.

"Un futur Premier ministre doit regarder la réalité dans les yeux"

Le premier vice-président de la Commission Frans Timmermans ne s'est pas privé d'une pique à l'égard du nouveau Premier ministre britannique. "Je suggérerais juste de regarder ce qu'il a écrit au cours des dernières années. Il a mis du temps à se décider s'il était pour ou contre le Brexit", a-t-il lancé lors d'une conférence de presse. "Maintenant sa position est claire. Je pense que la position de l'Union européenne est aussi claire", a-t-il asséné.

En coulisses, certains diplomates doutaient qu'un nouveau Premier ministre fasse évoluer la situation. "Toutes ces idées pourraient fonctionner dans un monde imaginaire. Dans le monde réel, cela signifie un 'no-deal' avec toutes ses conséquences dévastatrices. Si c'est ce que veut le Royaume-Uni, il va l'avoir. Sinon, un futur Premier ministre doit regarder la réalité dans les yeux et agir en conséquence", a commenté un diplomate européen sous couvert d'anonymat.

Un de ses collègues, qui préfère également ne pas être nommé, a estimé que le premier voyage de Boris Johnson ne serait pas à Bruxelles, mais dans les principales capitales européennes, "pour chercher des alliés". "Mais à la fin il aura besoin d'une position unanime des 27. C'est pourquoi toute tentative de diviser l'UE ne devrait pas aboutir", a-t-il avancé. Le groupe de suivi du Brexit au Parlement européen a prévu une réunion extraordinaire mercredi avec Michel Barnier "pour répondre à l'élection de Boris Johnson", a expliqué son président, l'eurodéputé et ex-Premier ministre belge Guy Verhofstadt, sur Twitter.