Un rapport pointe les pratiques racistes et illégales de la police de Baltimore

Après la mort de Freddie Gray, de nombreuses émeutes avaient éclaté entre la population locale et les forces de l'ordre.
Après la mort de Freddie Gray, de nombreuses émeutes avaient éclaté entre la population locale et les forces de l'ordre. © AFP
  • Copié
avec AFP , modifié à
Le rapport rendu par les enquêteurs du ministère de la Justice pointe des pratiques régulières accablantes... et ciblant particulièrement la population noire.

La police de Baltimore a systématiquement violé les droits constitutionnels des habitants de la ville, visant en particulier la population noire, selon une enquête menée par le département de la Justice américain à la suite de la mort l'an dernier d'un homme noir, Freddie Gray, du fait de blessures subies après son interpellation. Des "comportements ou pratiques habituelles" de la police de Baltimore peuvent être considérées comme illégales, particulièrement envers la communauté noire, affirme ce rapport de 164 pages, rendu public mercredi.

Des pratiques "contraires à la Constitution". Les enquêteurs du département de la Justice sont remontés jusqu'à 2010 pour dresser ce compte-rendu. Dans ce dernier, ils affirment que la police de Baltimore a pris l'habitude de procéder à des "interpellations, fouilles et des arrestations contraires à la constitution", des actions illégales qui ont, de manière disproportionnée, affecté les habitants noirs de la ville. Près de 44% des interpellations sont intervenues dans "deux petits quartiers à prédominance noire qui n'hébergent que 11% des habitants de la ville", a précisé Vaita Gupta, en charge de la division des droits civils au ministère de la Justice.  

Un usage "excessif" de la force. Les forces de la police de Baltimore ont également eu recours à un "usage excessif de la force", est-il ajouté. "Cette tendance ou ces pratiques sont le fait de déficiences systémiques sein du département de police de Baltimore en matière de [...] formation, supervision ou encore structures de responsabilisation." De plus, les enquêteurs du ministère font part de leurs "inquiétudes" concernant le transport des personnes et les enquêtes sur les agressions sexuelles. Ces "défaillances" au sein de la police de Baltimore découlent, selon le rapport, d'une "déficience de politiques, de formation, de supervision et de recherche de responsabilités" ainsi que de "stratégies de maintien de l'ordre qui n'intègrent pas efficacement la communauté que la police (municipale) sert".

Néanmoins, les auteurs du rapport soulignent néanmoins être "encouragés" d'avoir constaté une "vaste reconnaissance" de ces problèmes et un "vif intérêt pour réformer". Cette "réforme durable" devra permettre de "rétablir la confiance dans la police de Baltimore et de s'assurer qu'elle fournit des services de police efficaces et constitutionnels", a relevé le rapport.

Une enquête lancée après la mort de Freddie Gray. Cette enquête avait été ouverte peu après la mort de Freddie Gray, survenue en avril 2015. Le jeune homme avait été placé et menotté, mains dans le dos, dans un fourgon de police, le 12 avril, pour être emmené au poste. Il avait alors subi - dans des circonstances qui n'ont jamais été clairement établies - une fracture des vertèbres cervicales lors du transport. Il était décédé une semaine plus tard, le 19 avril 2015.

La mort de Freddie Gray avait alors provoqué de violentes émeutes à Baltimore, ville de quelque 620.000 habitants où la population noire est majoritaire, et alimenté le débat sur le traitement des minorités aux Etats-Unis. Un couvre-feu avait dû être instauré. Fin juillet, le procureur de Baltimore a annoncé l'abandon des poursuites contre les six policiers - dont trois Noirs - impliqués dans cet homicide, le parquet n'ayant pu prouver les accusations.