Aung San Suu Kyi nie être trop tolérante avec l'armée birmane

Les Nations unies accusent Aun San Suu Kiy de mener une opération de nettoyage ethnique à l'encontre des Rohingya.
Les Nations unies accusent Aun San Suu Kiy de mener une opération de nettoyage ethnique à l'encontre des Rohingya. © AFP
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avec Reuters , modifié à
Les Nations Unies accusent la dirigeante birmane et prix Nobel de la paix en 1991 de laisser l'armée mener une opération de nettoyage ethnique à l'égard de la minorité musulmane. 

La dirigeante birmane Aung San Suu Kyi a nié mercredi être devenue trop clémente à l'égard de l'armée, que les Nations unies accusent de mener une opération de nettoyage ethnique à l'encontre des Rohingya, dans l'État d'Arakan. La lauréate du prix Nobel de la paix 1991 était sortie la veille de son lourd silence sur la crise, qui a poussé 420.000 membres de cette minorité musulmane à chercher refuge au Bangladesh depuis la fin août, mais n'a pas réagi aux accusations de l'ONU, ce qui a lui a valu de nouvelles critiques.

Priée de dire si elle avait adopté une attitude plus souple à l'égard des généraux, qu'elle a combattus pendant des années lorsqu'ils accaparaient le pouvoir, elle a répondu par la négative. "Nous n'avons jamais changé de position. La réconciliation nationale a toujours été notre objectif. Nous n'avons jamais critiqué l'armée elle-même, mais ses actes. Nous ne sommes pas toujours d'accord avec ce genre d'actes", a-t-elle expliqué au micro de Radio Free Asia, toujours sans évoquer les accusations de nettoyage ethnique.

La dirigeante birmane s'engage à organiser le retour des réfugiés. Les Rohingya, auxquels le gouvernement birman refuse la citoyenneté, disent avoir été chassés de l'Arakan où ils vivent depuis des siècles par la campagne de répression militaire lancée après l'attaque de commissariats de police et de bases militaires revendiquée par un mouvement rebelle sécessionniste d'inspiration islamiste. Dans son discours télévisé de mardi, Aung San Suu Kyi a promis d'établir les causes de l'exode des Rohingya et de prendre des mesures contre "tous ceux qui ont violé la loi et les droits de l'homme, quelles que soient leur religion, leur race ou leur position politique". Elle s'est par ailleurs engagée à faire le nécessaire pour organiser le retour des réfugiés.

Un diplomate américain sur place. Le secrétaire d'État américain Rex Tillerson s'en est félicité lors d'un entretien téléphonique avec la dirigeante birmane, mais il l'a invitée à faire en sorte que l'aide humanitaire parvienne aux déplacés et s'est dit "profondément troublé" par les exactions qui ont été signalées, ont fait savoir ses services. Le sous-secrétaire d'État adjoint Patrick Murphy, qui se trouve en Birmanie, doit rencontrer des membres du gouvernement et les représentants de différentes communautés à Sittwe, capitale de l'Etat d'Arakan.

Paris et Londres prennent leurs dispositions. Parlant lui aussi de nettoyage ethnique, le président français Emmanuel Macron a annoncé mardi à la tribune de l'ONU que Paris allait prendre l'initiative au Conseil de sécurité pour mettre fin aux violences. La Grande-Bretagne a quant à elle suspendu sa mission d'aide à la formation des soldats birmans, tandis que la Chine appelait la communauté internationale à faire preuve de compréhension à l'égard des autorités birmanes.