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Marie Naudascher, édité par Antoine Terrel avec AFP
Depuis 2012, Paulo Paolino Guajajara luttait au sein du groupe "Gardiens de la forêt" pour défendre les territoires indigènes contre les trafiquants de bois.

Il faisait partie de ceux que l'on appelle les "Gardiens de la forêt". Paulo Paolino Guajajara, militant indigène faisant partie d'une tribu amazonienne de l'État du Maranhao, dans le nord-est du Brésil, a été tué vendredi dans une embuscade tendue par des trafiquants de bois. Paulo Paolino était notamment connu pour sa lutte, depuis 2012, contre cette mafia dont l'activité menace les territoires indigènes. 

L'attaque est survenue vendredi soir sur le territoire indigène d'Arariboia en Amazonie, à quelque 500 km de Sao Luís, capitale de l'État de Maranhao, ont précisé les autorités. Selon l'ONG Survival International, Paulo Paulino Guajajara, connu également sous le nom de Kwahu Tenetehar, a été touché au cou par un coup de feu et est mort dans la forêt tandis que son compagnon Laércio, touché par balle dans le dos, est parvenu à s'enfuir. Les deux hommes "s'étaient éloignés du village pour chercher de l'eau quand ils ont été encerclés par au moins cinq hommes armés", a tweeté le secrétariat aux Droits de l'homme du gouvernement du Maranhao.

Paulino comme son compagnon Laércio faisaient partie d'un groupe nommé les "Gardiens de la forêt" formé par les Guajajara, tribu qui compte environ 14.000 personnes dans le Maranhao, pour défendre les territoires indigènes menacés par l'exploitation illégale du bois et l'expansion agricole. Ils transmettent notamment les données GPS de zones où sont retrouvés des troncs découpés et viennent en aide aux pompiers lors d'incendies de forêt.

Les ONG dénoncent l'inaction du gouvernement

Si, au Brésil, le drame ne fait pas la une des médias, les ONG comme Greenpeace se relaient pour dénoncer l'incapacité de l'État à protéger les territoires indigènes du Brésil. Alors que le président brésilien d'extrême droite Jair Bolsonaro préconisait l'exploitation commerciale des terres indigènes et des zones préservées lors de son élection, Paulo Paolino Guajajara avait fait part de sa colère à l'ONG Survival International. "Cela me met tellement en colère de voir ça", avait-il déploré. "Des gens pensent qu'ils peuvent venir ici, dans notre maison, et se servir dans notre forêt. Nous ne pouvons pas les laisser faire ça." 

Le ministre de la Justice brésilien, Sergio Moro, a affirmé que la police enquêtait sur l'assassinat. "Nous ferons tout pour amener devant la justice les responsables de ce crime grave", a-t-il tweeté. Trois autres "Gardiens" ont déjà été tués dans des attaques par le passé.